Les USA renforcent leur présence militaire dans les PECO
Les Etats-Unis entendent développer leur présence militaire en Europe de l'Est. Le ministre de la Défense Ashton Carter a annoncé une multiplication par quatre des fonds militaires alloués à la région, qui seront ainsi portés à 3,4 milliards de dollars. La nécessité de cette mesure ne fait pas l'unanimité parmi les commentateurs.
Les agressions russes : une invention des Etats-Unis
Les Etats-Unis cherchent délibérément à noircir l’image de la Russie pour justifier l’augmentation de leur budget militaire en Europe de l’Est, critique Novosti, hebdomadaire de centre-gauche de la minorité serbe de Croatie :
«Les agressions russes évoquées par le ministre américain de la Défense, ce n'est que la propagande de pacotille de ceux qui veulent remettre la guerre froide à l'ordre du jour. Ils ont besoin du spectre de l’Est pour unir les Etats-Unis, mais aussi pour discipliner les Etats d’Europe de l’Ouest et certains Etats de la partie orientale de l’ancien continent. Car parmi les Etats ex-satellites de l’Union soviétique, qui s’essaient actuellement à mettre en place des démocraties, une présence militaire accrue des Américains en Europe ne suscite pas l’émerveillement général. C’est pourquoi il faut présenter les Russes comme un agresseur et comme un danger pour le 'monde libre', et partant, pour la paix dans le monde.»
Washington provoque inutilement Moscou
L’annonce d’un réarmement américain en Europe de l’Est arrive au mauvais moment et pourrait raviver les braises du conflit ukrainien, déplore le quotidien de centre-gauche The Guardian :
«Avec leur projet d’accroître les dépenses militaires dans cette région, les Etats-Unis émettent un signal hostile en direction de la Russie. Et ce à un moment où cela paraissait moins nécessaire que cela ne l'avait longtemps été. Cela fait déjà près de deux ans que la Russie a annexé la Crimée, et un an et demi que le vol MH17 a été abattu. Les combats en Ukraine orientale ont perdu de leur intensité. Rien n’indique par ailleurs que la Russie ait récemment apporté un soutien matériel aux rebelles séparatistes. On peut du moins espérer le respect de l’accord Minsk 2, qui pourrait garantir dans une certaine mesure l’unité de l’Ukraine, même amputée de la Crimée.»
Un réarmement justifié
Si les Etats-Unis ont décidé de quadrupler leurs dépenses militaires en Europe, ils le font pour une raison spécifique, constate le quotidien libéral Der Bund :
«Washington définit de nouvelles priorités. Dans le discours qu'il a tenu cette semaine sur les plus grandes menaces pour les Etats-Unis, le ministre de la Défense Ashton Carter s’est moins étendu sur le terrorisme et la Corée du Nord que sur la Russie. Le fait que Poutine bombarde actuellement les combattants de Daech en Syrie n'améliore en rien les relations, bien au contraire : son soutien infaillible à Assad et le bombardement de rebelles modérés malmènent la stratégie déjà faible des Etats-Unis dans la région. Il n’est pas faux de dire que les Etats-Unis investissent à nouveau dans une machine d’intimidation contre Moscou. Le chef du Kremlin est imprévisible. Or personne ne devrait s’en réjouir. Le monde aurait mérité mieux. Quand, dans la campagne électorale de 2012, [le candidat à la présidentielle américaine] Mitt Romney désignait la Russie comme adversaire de l’Amérique, ce relent de guerre froide avait fait sourire. Qu'il faisait bon vivre en 2012 !»
La Roumanie courtise les investissements militaires américains
La Roumanie doit tout mettre en œuvre pour attirer les forces américaines dans le pays, écrit l’expert en politique Valentin Naumescu sur le portail de blogs Contributors :
«Il faut reconnaître l'existence dans la région d'une concurrence pour les ressources, dans laquelle nous devons nous affirmer. Outre la superficie et la population, la disponibilité politique, les infrastructures, l’Etat de droit et la lutte anticorruption sont autant de facteurs qui entrent en ligne de compte. … L’argent et la sécurité ne nous seront pas accordés par l’opération du saint esprit ou grâce à des arguments géopolitiques, mais parce que nous avons un accès à la mer Noire et parce que nous sommes traditionnellement anti-russes. Or nous ne sommes pas les seuls à convoiter ces ressources pour assurer notre sécurité - d’autres font valoir leurs propres arguments : des Etats baltes à la Pologne en passant par la Bulgarie - sans oublier, de l’autre côté de la frontière occidentale, l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie.»