L'UE renforce les contrôles aux frontières
Après la réunion de Vienne, les ministres de l'Intérieur des pays de l'UE se sont mis d'accord jeudi à Bruxelles pour renforcer les contrôles aux frontières extérieures. Le sommet UE-Turquie du 7 mars est censé permettre de trouver une solution au problème des réfugiés. Des attentes peu réalistes, selon les éditorialistes.
Frontières, la surveillance à la carte
A Bruxelles, les ministres européens de l’Intérieur et de la Justice ont constaté des 'avancées' quant à la surveillance des frontières. Reste à savoir de quelles frontières ils parlent, relève non sans ironie le quotidien de gauche Pravda :
«Parlent-ils de la frontière en mer Egée, de celle entre l’Autriche et la Slovénie ou de celle entre la Hongrie et la Croatie ? S’agit-il des patrouilles le long de la frontière gréco-macédonienne, qui excluent la Grèce, pourtant membre de l’UE et de Schengen ? … Qui pourra franchir la frontière, qui sera refoulé? Sur ce point aussi, grand flou artistique. … La Grèce rappelle son ambassadrice à Vienne, s’insurge de se voir bientôt transformée en immense camp de réfugiés. … Et certains ont vraiment l’impression que les choses évoluent pour le mieux ? La seule chose qui évolue, c’est la discorde au sein de l’UE.»
Chacun pour soi et tous contre les migrants
L’Europe est tombée bien bas : à nouveau, seuls les intérêts nationaux comptent, déplore le quotidien libéral De Standaard :
«Un pays après l’autre a fermé ses frontières. Une procédure qui a été confirmée hier lors d’un mini-sommet dont il est ressorti que la Grèce serait coupée de l'extérieur. … Ces derniers jours, l’idée que nous nous faisons de l’Europe subit une métamorphose terrible. Nous redécouvrons l’Etat-nation avec ses frontières et l’illusion de sécurité : eh bien il n'y a qu'à refermer la porte. Peu importe ceux qui restent dehors. La détresse humanitaire croissante des dizaines de milliers de réfugiés de guerre venant s’échouer sur les côtes grecques ou turques ne fera pas bouger les lignes dans cette crise. Ils ont fui la désolation en pure perte.»
Athènes a besoin d'alliés, pas d'ennemis
Athènes menace de bloquer toutes les décisions européennes tant que le projet proposé à l’automne - la répartition équitable des réfugiés entre les différents Etats membres - n’aura pas été effectivement mis en œuvre. C’est une stratégie erronée, critique le journal en ligne libéral To Vima :
«La bataille décisive pour la Grèce, mais aussi pour l’avenir de l’Europe, se livrera lors du sommet du 7 mars. C’est là qu’on verra si les pays capables de compassion et de solidarité s’imposeront, ou bien si le groupe des Etats nationalistes parviendra à briser la cohésion de l’Europe, avec des conséquences imprévisibles pour tous. Dans cette bataille, la Grèce a besoin d’alliés et non d’adversaires. Or on ne conclut pas des alliances en recourant aux menaces, mais en s’appuyant sur des valeurs et des intérêts communs. La réponse à donner aux provocations des nationalistes qui ferment les frontières ne peut être une surenchère de menaces, car ceci ne mène à rien.»