Victoire électorale des réformateurs en Iran
Réformateurs et forces modérés ont fortement progressé aux législatives iraniennes. Un résultat qui conforte la position du président Hassan Rohani, favorable à une ouverture du pays à l'Occident. Saura-t-il mener l'Iran vers une plus grande démocratie ?
Une victoire tardive de la révolution verte
La victoire électorale de la liste modérée menée par le président Hassan Rohani aux législatives iraniennes est une répercussion en différé de la contestation de 2009, explique le quotidien anglophone libéral Hürriyet Daily News :
«Plus de la moitié des 80 millions d’Iraniens ont moins de 30 ans. Les jeunes générations sont lasses de la répression du régime et de l’isolement international de leur pays. En réalité, la grogne envers le régime a fait émergence il y a relativement longtemps déjà. Elle remonte à la contestation des présidentielles controversées de 2009, appelée 'mouvement vert'. Si, à l'époque, le régime avait réprimé les manifestations, les résultats des dernières élections illustrent clairement son échec moral aujourd'hui, et pas même l'exclusion de candidat, communément pratiquée par le Conseil des gardiens, n’a réussi à empêcher le succès des forces modérées.»
Rohani n'aura pas la tâche facile
Les jeunes iraniens ont permis aux réformateurs de remporter les législatives, souligne également le quotidien libéral Phileleftheros :
«La grande majorité des Iraniens sont jeunes, éduqués et aspirent à mener une vie meilleure. Ils savent que l’Occident n’est pas le 'Grand Satan' dépeint par les conservateurs. Ils aiment les voyages, les technologies de pointe et entrent en contact avec le reste du monde via Internet. … La victoire des réformateurs ne signifie pas toutefois que les problèmes se résoudront comme par magie en Iran. Les défis que le pays est appelé à relever sont énormes. Confronté aux conservateurs, Hassan Rohani devra s’efforcer de changer le pays, d’améliorer le niveau de vie et d’accorder davantage de droits et de libertés à ses citoyens. Une tâche ardue.»
L'Iran s'ouvrira
Après le gain de voix enregistré par les réformateurs et les modérés, le quotidien de centre-gauche El País entrevoit l’espoir d'une ouverture du pays à l’avenir :
«Le score des réformateurs qui ont obtenu l’autorisation de se présenter aux législatives à Téhéran illustre le soutien de l’électorat à la politique d’ouverture sur l'Occident engagée par le président Hassan Rohani. Dans un pays caractérisé par une théocratie militaire extrêmement rigide, à laquelle on reproche des violations des droits de l’homme, toute allusion à une ouverture est un message d’espoir. … La majorité des Iraniens ne connaît pas d’autre forme de gouvernement que le régime des ayatollahs, instauré il y a 37 ans. Or à l’ère d’Internet, il devient de moins en moins probable que les citoyens acceptent une forme de société en contradiction avec tout ce qu’ils peuvent voir sur leurs portables.»
De bon augure pour la politique étrangère
Le succès électoral du camp du président Hassan Rohani et le mauvais score des partisans de la ligne conservatrice n'apporteront pas un changement immédiat en Iran, assure le quotidien islamo-conservateur Zaman :
«C’est moins l’annonce d’un changement profond que celle d’une crise profonde de la politique iranienne. Tout semble indiquer que cela compliquera le travail de Rohani. … Ce résultat électoral envoie néanmoins au monde le signal d’un pays avec lequel il est possible de coopérer. Ce qui signifie que l’Iran s’affranchira rapidement des effets des sanctions, qui ont considérablement grevé son économie. On peut dire que l’Iran mènera prochainement une politique étrangère qui privilégiera davantage de paix et d’intégration avec l’Occident.»