Levée des sanctions contre l'Iran
Les Etats-Unis et l'UE ont décidé samedi de lever leurs sanctions contre l'Iran. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) venait de confirmer que Téhéran avait bel et bien rempli les conditions fixées dans le cadre de l'accord sur le nucléaire. L'heure n'est pas encore favorable à des relations amicales entre l'Occident et la République islamique, soulignent certains commentateurs. D'autres estiment que cette décision favorisera la lutte contre le djihadisme.
Téhéran est encore loin d'être l'alliée de l'Occident
Un jour seulement après la levée des sanctions contre l'Iran, les Etats-Unis ont décidé dimanche de nouvelles sanctions contre Téhéran, en raison cette fois-ci de son programme de missiles balistiques. L'avenir de l'Iran au sein de la communauté internationale reste entouré de nombreuses interrogations, estime le quotidien de gauche taz : "Du fléau des milices chiites en Irak au soutien politique et militaire au régime de Bachar Al-Assad - par le biais d'une coopération avec le Hezbollah libanais - il est difficile d'entrevoir les contours de la 'nouvelle' politique menée par la République islamique. Dans le même temps, la situation des droits de l'homme ne s'est pas améliorée dans le pays. L'Iran reste l'Etat exécutant le plus grand nombre de personnes après la Chine ; opposants et intellectuels se retrouvent rapidement derrière les barreaux. La route sera longue avant que les Etats-Unis et l'UE ne puissent entretenir des relations réellement amicales avec l'Iran."
Les contrats d'armement doivent rester tabous
L'Iran va se transformer à la vitesse de l'éclair en eldorado de l'affairisme, prédit le quotidien économique libéral Hospodářské noviny : "Il y a matière à espérer que l'accord négocié l'an passé avec Téhéran transformera le pays pour le mieux. Sans arme nucléaire, l'Iran retrouvera sa place dans la coopération internationale. De ce point de vue, on ne peut que se féliciter que des entreprises tchèques se rendent elles aussi à Téhéran pour tenter de s'imposer dans la concurrence du monde entier, que l'Iran découvre soudainement comme un grand marché. … Une chose devrait cependant rester taboue : la vente d'armes. La Russie a d'ores et déjà vendu à l'Iran des armes de défense antiaérienne de type S-300. Si nous ne voulons pas succomber au cynisme, nous ne devrions pas nous comporter comme Vladimir Poutine."
Une chance pour la lutte antiterroriste
La levée des sanctions contre l'Iran est une excellente nouvelle, juge le quotidien de centre-gauche El País : "Vu le contexte de violence dans la région, il serait tentant de taxer le président américain Barack Obama de naïveté lorsqu'il prétend que les Etats-Unis, le Proche-Orient et la planète sont des 'endroits plus sûrs' aujourd'hui. Or le dirigeant du pays que la rhétorique officielle de l'Iran qualifie de 'Grand Satan' a raison. … L'Iran n'est pas seulement une puissance régionale historique, elle pourrait également devenir un acteur stratégique dans la lutte contre le djihadisme. Son isolement avait compliqué ce combat et creusé le fossé qui la séparait des autres puissances arabes. Il est primordial que tout le monde soit représenté dans les forums de sécurité et de coopération ; la réincorporation de l'Iran favorisera indubitablement la compréhension."
Lever aussi les sanctions contre Moscou
L'Europe devrait maintenant réclamer la levée des sanctions contre la Russie, préconise le quotidien national-conservateur Il Giornale : "Les Européens ont suivi les Américains dans tous leurs caprices, même quand ceux-ci, après la disparition de l'URSS, ont poursuivi la guerre froide contre la Russie, en la menaçant avec l'OTAN, puis en lui infligeant des sanctions en raison de la politique russe en Crimée. Ce faisant, les Américains n'ont pas pris la mesure du danger émanant du terrible ennemi islamiste et ont continué à combattre un pays qui aurait pu être leur allié naturel. Que pouvons-nous faire, nous, simples citoyens européens ? Chercher à changer le contexte culturel de défiance vis-à-vis de la Russie. Mettre un terme à la guerre froide et dire stop aux sanctions. Aider la Russie et l'Ukraine à trouver un accord en forgeant une Constitution qui accorde une autonomie renforcée aux régions disputées. Travailler de concert pour favoriser la paix entre l'Amérique, l'Europe et la Russie."