Les Tchèques ont les yeux rivés sur le procès Bachmann
Lutz Bachmann, fondateur du mouvement islamophobe allemand Pegida, comparaît depuis mardi devant un tribunal de Dresde pour incitation à la haine. Le procès est suivi avec grande attention en République tchèque, où Martin Konvička, chef de file du pendant local de Pegida, doit lui aussi être jugé.
Le procès de Dresde, un exemple pour la Tchéquie
Le procès contre Martin Konvička en République tchèque devrait prendre celui de Dresde pour exemple, remarque le quotidien Právo :
«Au même moment que Bachmann, le chef des islamophobes tchèque appelait à une liquidation violente des adeptes du Coran sur Facebook : 'Si nous remportons les élections, nous ferons des musulmans de la chair à pâté.' Dans le même temps, il annonçait la construction de camps de concentration pour les réfugiés venus de pays islamiques. … L’affaire Bachmann est le premier grand procès intenté à un militant islamophobe pendant la crise des réfugiés. La loi allemande est plus dure que la nôtre, et la justice agit également plus rapidement. Pour le juge de České Budějovice, en charge de donner son verdict sur l’affaire Konvička, le dossier de Dresde apporte un éclairage intéressant.»
Combattre l'islamophobie par la justice ne suffit pas
L’intervention des tribunaux contre les agitateurs des réseaux sociaux est une bonne chose, mais elle doit s’accompagner d’une confrontation politique avec les courants islamophobes en Allemagne et République tchèque, insiste Hospodářské noviny :
«Plus d’un se demandent probablement s’il est vraiment nécessaire de prendre au sérieux tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, et si les tribunaux n’ont pas mieux à faire que de s’en prendre aux insultes qui y sont publiées. Pourtant, dans cette controverse autour de la liberté d’expression, il ne faudrait pas oublier que la liberté s'arrête là où commence celle des autres. … On ne peut cependant pas compter sur les tribunaux pour bannir du débat public le discours de Pegida ou de son pendant tchèque. Seule une confrontation politique avec ces courants mettra en lumière qui sont leurs adeptes et leurs opposants.»