Le Pape est-il en train de sermoner l’Europe ?
Le pape François recevra le prix Charlemagne au Vatican pour son engagement en faveur de l’Union européenne. En plus des personnalités politiques de l’UE Jean-Claude Juncker et Martin Schulz, les chefs de gouvernement Angela Merkel et Matteo Renzi assisteront à la cérémonie. Ce sont les derniers politiques qui croient encore en l'Europe, estiment les commentateurs selon lesquels François rappellera aux citoyens leurs responsabilités dans ce projet communautaire.
L’Europe souffre d’Alzheimer
Le pape François reprendra le grand thème du discours qu’il avait tenu il y a deux ans devant le Parlement européen, dans lequel il déplorait une Europe vieillie et fatiguée, prédit Avvenire :
«Ce qui 'flétrit' l'Europe n’est autre que la maladie d'Alzheimer. Les évènements récents montrent que nous sommes toujours renvoyés à cette image d’une Europe usée, qui comme la victime d’une amnésie générale, érige à nouveau des barrières. Une Europe qui enterre les anciennes valeurs de sagesse de ses pères fondateurs, ces grands idéaux qui font toute son essence et 'cet esprit humaniste qu’elle aime pourtant', comme l'avait rappelé François à Strasbourg. ... Face à une Europe sans repère et dont la mémoire flanche, le problème actuel des réfugiés est l’occasion de réfléchir à cette Europe, à ce qu'elle est et ce que nous pouvons attendre d'elle en tant que citoyens. Il s’agit d’une question qui implique la responsabilité de tous les citoyens, et non pas seulement celle de la classe politique.»
Les derniers Européens réunis à Rome
Le pape et les personnalités politiques présents à la remise du prix sont les derniers véritables défenseurs de l’Europe, déplore La Repubblica :
«La crise des réfugiés a des conséquences encore plus notoires que la crise économique. … Car elle réveille de vieux démons qui remettent en question les fondements mêmes de l’Europe : le principe de solidarité, celui d’une souveraineté partagée, voire ces valeurs d’humanité que nous pensions à tort acquises depuis des décennies. La rencontre à Rome des dernières forces politiques qui continuent de défendre avec fierté ces valeurs et sont encore prêtes à se battre contre le populisme grandissant montre à quel point l’Europe s’est flétrie. … Elle peut être le signe d’une mort lente, mais aussi celui d’un nouveau départ, comme l’exige le pape. Une renaissance qui semble aujourd’hui aussi difficile qu’inévitable.»