Législatives en Espagne : deuxième essai
Les partis n'ayant pas réussi à former un gouvernement à l'issue des dernières législatives du 20 décembre, les Espagnols sont à nouveau appelés aux urnes le 26 juin. Selon les sondages, l'alliance électorale de gauche Unidos Podemos pourrait devancer les socialistes. Dans quelle mesure les partis traditionnels doivent-ils s'inquiéter ?
Podemos n'apporterait que des problèmes
Pour le quotidien centraliste et conservateur El Mundo, un futur gouvernement dans lequel figurerait l’alliance de gauche Unidos Podemos aurait des conséquences catastrophiques :
«Il ne s'agit pas de questions anodines. Bien au contraire. La proposition de dynamiter les bases de la reprise économique, alors que l’Espagne sort à peine de la pire crise qu’elle ait connue depuis des décennies, est extrêmement inquiétante. Ce qui est plus grave encore, c'est la défense irréfléchie des soi-disant 'revendications nationales catalanes'. Celles-ci sont contraires à la Constitution. Et quand on voit que les sondages créditent Unidos Podemos de bonnes chances de devenir la deuxième force politique du pays, il est indéniable que nous faisons face à un grave problème politique.»
Podemos ne représente pas la nouvelle social-démocratie
A en croire les résultats d’un sondage mené par l’institut espagnol CIS, la nouvelle alliance de gauche Unidos Podemos supplantera les socialistes à l’assemblée comme premier groupe à gauche du centre. Il ne faut pas en conclure que Podemos incarne la nouvelle social-démocratie, estime El País :
«Unidos Podemos n’est pas une version plus jeune et plus à gauche du parti socialiste, mais l'adversaire direct des idées, de la politique et des valeurs de la social-démocratie en Espagne et à l’échelle européenne. Les socialistes et Unidos Podemos défendent des forces antagonistes dans leur conception de la démocratie représentative, de la politique de l’égalité, de l’économie de marché, du processus d’intégration européenne et de l’ordre mondial. Et comme nous l’avons vu au lendemain du 20 décembre, il n’y a pas d’accord possible entre eux.»
S'unir contre la gauche
Selon les sondages, seule une grande coalition entre les partis traditionnels - conservateurs (PP) et socialistes (PSOE) - pourrait faire barrage à un gouvernement de gauche. Mais ceci impliquerait que le PSOE cesse enfin de rejeter catégoriquement le Premier ministre sortant, écrit le journal conservateur ABC :
«Le problème est qu’ils ne veulent pas démordre de leur revendication : le départ de Rajoy. Leur argument, c'est qu'après le 26 juin, personne ne voudra pactiser avec lui. C’est tout à fait possible. … Mais comment exiger du parti qui recueille le plus de voix qu’il renonce à un leader appuyé par l’immense majorité de ses membres et sympathisants ? Il est vrai qu’il a commis des erreurs, pour certaines graves. Mais il est également vrai qu’il a réussi à sortir le pays du marasme économique dans lequel il l’avait trouvé. Et qu'aucun de ses rivaux ne propose une alternative qui garantisse une reprise.»