Boris Johnson ne succédera pas à David Cameron
Boris Johnson ne sera pas candidat au poste de Premier ministre britannique. L'ancien maire de Londres, fervent partisan du Brexit, a affirmé jeudi ne pas être en mesure d'unir le pays. Johnson a-t-il été victime d'intrigues au sein du Parti conservateur ?
Drame shakespearien à Westminster
Le conflit interne aux Tories fait songer à un drame shakespearien, selon Corriere del Ticino :
«Faut-il voir la décision de Johnson comme le geste d’un 'pur' qui renonce à récolter le butin de la victoire, en se montrant altruiste vis-à-vis de ses collègues ? Non. Il est plus probable que Johnson ait été victime d’un complot. Les intrigants étant au nombre de trois : David Cameron, qui voulait se venger de Johnson pour son soutien au Brexit ; le baron des médias Rupert Murdoch, qui possède les journaux Sun, News of the World, The Times et The Sunday Times, et qui éprouve peu de sympathie pour Johnson ; et enfin le ministre de la Justice Michael Gove, qui vient d’annoncer sa candidature. Le 'coup de poignard dans le dos' est venu de la part de Gove, qui a affirmé que Johnson n'avait pas les 'qualités d’un Premier ministre'. Comme dans Richard III, tous les coups sont permis pour s'assurer la couronne.»
Encore plus passionnant que House of Cards
Après le désistement surprise de Johnson, le chaos est total à Londres, constate De Standaard :
«Les scénaristes de House of Cards vont se retrouver sur la paille et tout le monde va résilier son abonnement à Netflix. Aujourd’hui, les accros aux séries politiques sont suspendus jour et nuit à BBC World. Le suspense est garanti, et en plus, c’est gratuit. La victoire inopinée du oui au référendum sur le Brexit a précipité la politique britannique dans le chaos. Les conservateurs au pouvoir et les travaillistes dans l’opposition traversent une crise totale à l'issue imprévisible. … Qui oserait encore affirmer la mort politique de David Cameron, dont nous avons vu le triste cadavre à l’épisode précédent ?… Les revirements quotidiens confirment l’imprévisibilité des évènements et la multitude des formes que peut prendre le Brexit, si bien qu’aucun changement du script ne semble irréaliste.»
Privilégier les idées aux intrigues
Dans la course au pouvoir britannique, il faut maintenant reléguer les rivalités personnelles à l’arrière-plan, préconise The Independent :
«L’affrontement des personnalités, qui a inévitablement occupé le devant de la scène ces derniers jours, devra nécessairement évoluer dans le sens d’un affrontement des projets pour la Grande-Bretagne du XXIe siècle. Lors de sa prise de parole ce matin, Michael Gove devra moins s’appesantir sur son nouveau statut d’'assassin de Westminster' que sur l’orientation qu’il entend donner au pays et sur les moyens d’y parvenir. Qu’entend-il faire pour assurer que la mondialisation et la technologie ne détruisent pas les conditions de vie des pauvres en Grande Bretagne ? … Quelle que soit la fascination ressentie vis-à-vis de ce Brutus moderne, c’est surtout l'avenir de la Grande-Bretagne qu'il faudra avoir à l’esprit au cours des prochains jours.»
Johnson fuit les astreintes de la politique
La fonction de Premier ministre ne correspond pas à la nature truculente de Boris Johnson, suppute le journal libéral Kurier :
«L’ex-maire de Londres ne s’est jamais intéressé aux débats de fond, à la politique de terrain, avec toutes les contraintes que cela suppose. Le bruit court dans les milieux politiques londoniens que Johnson n’avait jamais tablé sur une victoire du 'Leave' au référendum. Il cherchait à perdre de justesse, ce qui lui aurait valu une réussite respectable lui permettant de continuer de harceler le Premier ministre Cameron - comme il le fait depuis des années, où il savoure à chaque congrès du parti des conservateurs les applaudissements de ses collègues. Placé devant le fait accompli de la sortie de l’UE, Johnson s’est aperçu que des négociations sérieuses et pénibles à l'issue plus qu’incertaines attendaient le nouveau Premier ministre britannique, mais aussi un combat acharné pour occuper la fonction de chef du parti et chef du gouvernement. Autant de défis qui ne sont pas dans la nature de ce hâbleur de génie.»
Un populiste irresponsable
Boris Johnson, qui a mené la campagne en faveur du Brexit, refuse aujourd'hui de devenir chef de file de Tories et Premier ministre du pays. Un refus qui montre toute son irresponsabilité, selon Politiken :
«Boris Johnson aurait peut-être des difficultés, pour des raisons tactiques, à remporter le vote interne au parti. Mais le fait qu'il renonce à se présenter montre bien la nature réelle de l'ancien maire de Londres et ce que l'on pressentait depuis le début : il n'est qu'un populiste irresponsable. S'il est réellement convaincu qu'un Brexit puisse apporter de nouvelles opportunités à l'ancien empire, il devrait rester et se battre pour cette cause.»
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