Sarkozy veut redevenir président
Dans un livre intitulé Tout pour la France, l'ex-président français Nicolas Sarkozy a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Il se présentera tout d'abord aux primaires de la droite et du centre en novembre. L'élection d'un conservateur qui empiète sur les plates-bandes du FN serait néfaste pour l'UE, s'inquiètent les commentateurs.
L'ex-président qui imite Le Pen
Dans l'amorce de sa nouvelle campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy tente de ratisser les voix de l'extrême droite, critique El País :
«La dureté des propositions de Sarkozy dans la présentation de sa candidature aux élections présidentielles est une très mauvaise nouvelle pour la démocratie française. Pendant des décennies, celle-ci avait été pour la planète un symbole d'ouverture et de tolérance. L'extrémisme privilégié par l'ex-président français témoigne d'une lamentable dérive vers les positions de l'extrême droite. Et ce, paradoxalement, venant d'un candidat qui voudrait être une alternative modérée au Front National.»
Les présidentielles en France, un scrutin décisif pour l'Europe
Toute l’Europe suit avec appréhension les primaires organisées en France en vue des présidentielles, écrit Fernando Sobral dans Jornal de Negócios :
«La France est l’un des pôles de l’UE. Et en raison du régime présidentiel, le nom du prochain locataire de l’Elysée n'est pas anodin. Ce sera un signal quant à l’orientation future de l’Europe. Alors que la campagne des primaires bat son plein, aussi bien pour les Verts, le PS et Les Républicains, tout le monde songe déjà aux présidentielles. Il n’est donc pas fortuit que l’ex-président Nicolas Sarkozy ait choisi l’offensive et la fuite en avant. Pourquoi ? Parce que [l’adversaire de Sarkozy] Alain Juppé est très populaire. … A gauche aussi, il y a de nombreux candidats : François Hollande, Manuel Valls, [l’ex-ministre de l’Economie] Arnaud Montebourg et [l'eurodéputé du Parti de gauche] Jean-Luc Mélenchon. Une extrême confusion.»
Le pays a besoin de réconciliation, et non de division
En 2016, beaucoup de Français appellent de leur vœux une personnalité dynamique à la tête de l'Etat, observe Frankfurter Rundschau, qui pense qu’un retour de Sarkozy à l’Elysée est envisageable :
«Il mise sur la division, et non sur la réconciliation. Il capitalise à présent sur cela même qui, lors de son premier mandat, lui avait valu une chute de popularité et finalement la défaite aux élections. Lassée par les louvoiements du socialiste François Hollande et ébranlée par les attentats terroristes, une partie des Français ont la nostalgie d’un chef d’Etat qui ne tourne pas autour du pot et qui se retrousse les manches. Longtemps nettement devancé dans les sondages, Sarkozy a récemment remonté la pente. La société française, caractérisée par des grèves et des tensions croissantes entre musulmans et non musulmans, semble avoir oublié qu'elle a besoin de dirigeants qui œuvrent à la réconciliation nationale. Espérons que d’autres candidats et candidates ne l’auront pas oublié.»
Halte au populisme !
En raison de la menace terroriste qui plane actuellement sur la France, une grande responsabilité incombe aux candidats à la présidence, lit-on dans Le Soir :
«Les circonstances obligent tout simplement plus que jamais à s’éloigner du populisme et des mesures chocs à courte vue. L’interdiction ou non du burkini sur les plages ne pourra servir de programme. Pas plus que le bannissement éventuel du voile à l’université ou la suppression des menus de substitution dans les cantines. L’enjeu va bien au-delà. Pour le mesurer, il faut écouter les spécialistes de la sécurité.»
L'ancien président, source de clarté
Le programme de Sarkozy est clair et carré, se réjouit Le Figaro, qui appelle les autres candidats à la présidentielle à en faire de même :
«L'important n'est pas l'homme. Ce sont ses idées, son projet, ses solutions pour redresser une nation au moral en berne. Cinq défis sont, selon lui, urgents à relever : dire la vérité, défendre notre identité, relancer la compétitivité, restaurer l'autorité, garantir la liberté. Ses réponses ne sont pas molles. Elles ne se résument pas à un libéralisme auquel beaucoup voudraient cantonner la primaire. Au contraire : plus de régulation, selon Nicolas Sarkozy, doit permettre à notre pays de préserver son âme et sa culture. Aux autres candidats de jouer désormais cartes sur table afin que ceux qui veulent voter le fassent en connaissance de cause.»
Un projet clair - mais intolérant et libéral
Libération fait part de l’inquiétude que lui inspire l'ouvrage dans lequel Sarkozy annonce sa candidature :
«Il faut d’ailleurs lui savoir gré, pour la qualité du débat, d’avoir annoncé sa candidature non par un tweet mais par un livre. Livre inquiétant, néanmoins. Il déroule un programme de rupture radicale, fait pour une bonne partie de mesures glanées les unes chez Marine Le Pen, les autres chez Pierre Gattaz. Ainsi il va s’acharner à convaincre les électeurs que tout ira mieux en France quand on aura réduit l’immigration, obligé les musulmans à raser les murs et supprimé des pans entiers de notre système de protection sociale. A défaut de la pertinence, le projet a le mérite de la clarté. Ainsi l’enjeu de la prochaine présidentielle se précise : préserver ou non les acquis de la République sociale héritée d’une longue histoire. Faire ou non des immigrés et de leurs enfants les boucs émissaires des difficultés françaises.»