Le populisme prime sur les bisbilles passées
Par le passé, les deux politiques avaient bien peu de points communs, pointe avec sarcasme la station de radio publique Český rozhlas en commentaire à la rencontre de lundi, que Norbert Hofer envisage comme une 'sympathique causerie' avec le président Miloš Zeman :
«De quoi vont-ils causer ? D’énergie nucléaire, que Zeman soutient catégoriquement ? C’est justement sous son gouvernement que la centrale nucléaire de Temelín a été mise en service, celle-là même que Hofer rejette catégoriquement. Causeront-ils des Allemands des Sudètes, que Zeman considère comme la cinquième colonne d’Hitler, tandis que Hofer de son côté a exigé l’abolition des décrets Beneš [base juridique de l'expropriation et de l'expulsion des Allemands des Sudètes après la Seconde Guerre mondiale] comme précondition indispensable au rapprochement entre les deux pays ? Ou des sanctions contre l'Autriche prises par la Tchéquie en 2000, motivées par l'arrivée au gouvernement du parti de Hofer, le FPÖ ? Non, ils parleront de l'invasion musulmane qui nous menace prétendument et du risque terroriste. Ils feront l'impasse sur le passé. Il y a une expression : personne n’a la mémoire aussi courte que les politiques et les petits enfants qui ont fait une bêtise.»
Zeman n'a pas de droit d'ingérence
Cette prise de position unilatérale en faveur de Hofer est un scandale diplomatique, selon Hospodářské noviny :
«Ce qui importe ici n'est pas le fait que Hofer critique les migrants, attise les discours anti-islam et demande le départ de l'Autriche de l'UE. Zeman est libre de s'allier avec qui il veut. Mais le président tchèque n'a pas le droit de se poser en juge arbitre dans le débat autrichien. Cette rencontre est d'autant plus étrange qu'il y a 16 ans, le Premier ministre Zeman avait appuyé les sanctions européennes pour contrer la participation du FPÖ au gouvernement de l'époque à Vienne. Les opinions et les valeurs changent. Zeman n'agit cependant pas à titre personnel, mais en qualité de chef d'Etat. Et à ce titre, il ne peut pas rencontrer n'importe qui, car chaque entrevue revêt une forte valeur symbolique et politique.»
L'Autriche serait un atout pour Visegrád
La rencontre entre Zeman et Hofer pourrait aboutir à une coalition souhaitable du groupe de Visegrád (V4) avec l'Autriche, lit-on dans Mladá fronta dnes :
«Zeman et son homologue potentiel en Autriche cherchent des alliés sur la scène internationale. Ils écrivent un nouveau chapitre de la politique de l'Europe centrale. Une alliance entre le V4 et l'Autriche permettra d'enrayer les critiques récurrentes adressées à Visegrád. Jusqu'à présent, personne ne prend ces pays au sérieux. Tous ceux qui défendent une position légèrement différente de la doctrine officielle de l'EU sont considérés comme autant de populistes, de nationalistes, voire d'agents financés par la Russie. Il faudrait subitement composer avec ces 'agents financés par la Russie', ces 'nationalistes' et ces 'populistes' et engager des négociations avec eux. Un renforcement du V4 devenu une voix de la raison serait une bonne nouvelle, pour l'Europe centrale comme pour l'Europe toute entière. Dans cette perspective, une alliance entre les deux présidents serait bénéfique.»