Le gouvernement polonais fait faux bond à Airbus
Le gouvernement polonais dominé par le PiS a rompu le contrat passé avec Airbus Helicopters sur la livraison prévue d'hélicoptères Caracal d'une valeur d'environ 3,1 milliard d'euros. Ulcérée, Paris entend réduire l'aide militaire à la Pologne, et le président Hollande a annulé une visite officielle prévue jeudi 13 octobre. Varsovie brusque-t-elle inconsidérément un ancien partenaire, ou a t-elle raison de dénoncer un traitement inique ?
Les Français cherchent à rouler Varsovie
Gazeta Polska Codziennie témoigne au gouvernement polonais une solidarité sans faille :
«Les commentateurs français parlent d’une humiliation infligée par les Polonais, d’une trahison, d’un coup de poignard dans le dos. … Il est cependant intéressant de noter qu’au mois d’août, le Koweït a signé un contrat pour la livraison de 30 hélicoptères pour la somme de 4,5 milliards de złotys [soit un milliard d’euros]. … Le contrat des Français comporte en outre des prestations de service et d’assistance. Il est vrai que nous ne connaissons pas tous les détails du contrat. Mais il ressort d’informations librement accessibles au public que la Pologne devrait payer environ 80 pour cent de plus que le Koweït, alors qui a humilié qui dans cette histoire, qui est le traître qui poignarde l'autre dans le dos ? Qui poursuit des intentions coupables ? Une fois de plus, l’Occident montre que si nous ne nous défendons pas, il nous traite comme une colonie.»
Un nouveau faux-pas diplomatique
Le journal Dziennik Gazeta Prawna, de son côté, déplore une nouvelle fois l'action du PiS sur la scène internationale, qu'il juge extrêmement malhabile :
«La première conclusion, la plus évidente, que l'on peut tirer de cette affaire, c'est que le gouvernement du parti Droit et justice (PiS) ne rate jamais l'occasion de provoquer un conflit. Il essaye toujours d'arriver à ses fins en tapant du poing sur la table. Il pourrait pourtant sourire gentiment et argumenter de façon ciblée, ce qui susciterait cependant moins d'attention dans l'arène publique. Le fait qu'il n'ait pas attendu deux semaines de plus, c'est-à-dire la date prévue de la visite [de Hollande], avant de prendre sa décision, donne une véritable impression d'amateurisme. Cette réaction s'apparente à une provocation directe et appelle ouvertement les Français à riposter. Ce n'est pas le premier faux-pas diplomatique des instances dirigeantes.»