La politique migratoire met Viktor Orbán en difficulté
Après l'échec du référendum sur les quotas de répartition de réfugiés dans l'UE, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán n'est pas parvenu non plus à faire passer sa loi anti-réfugiés au Parlement. Le parti d'extrême droite Jobbik a refusé de soutenir le projet, le gouvernement refusant de cesser de vendre des permis de séjour aux riches étrangers. Si certains commentateurs estiment qu'Orbán est mis en difficulté par la politique migratoire, d'autres jugent en revanche qu'il ressort renforcé de la confrontation.
Le calcul erroné du gouvernement
La défaite au Parlement confirme l'échec de la politique migratoire de Viktor Orbán, écrit le politologue Gábor Török sur son blog :
«Si l'objectif du parti au pouvoir consistait d'une part à intervenir efficacement contre l'immigration, et d'autre part à atteindre les objectifs formulés dans la campagne en matière de politique vis-à-vis des réfugiés, alors ce revers au Parlement - combiné à l'invalidation du référendum du 2 novembre - vient remettre en cause la politique menée par le gouvernement ces derniers mois. Il est indéniable que les résultats de cette campagne politique de plusieurs mois et très budgétivore sont - pour le moment - un référendum invalidé et une révision constitutionnelle ratée. De ce point de vue, Orbán et le Fidesz ont échoué.»
Un vote qui met le Jobbik sous pression
Malgré l'échec du projet de révision constitutionnelle, Orbán pourrait ressortir renforcé de la dispute, estime Neue Zürcher Zeitung :
«Le gouvernement fait tout pour évincer du débat les quotas et les autorisations de séjour [dont le Jobbik demandait la suppression pour les riches étrangers venus de Russie, de Chine et du Proche-Orient] et qualifier la résistance du Jobbik d'antipatriotique. C'est donc surtout le Jobbik qui doit s'expliquer. Le Fidesz peut souligner que l'extrême droite a elle aussi toujours demandé une révision constitutionnelle, et que sa volte-face est donc douteuse. Orbán pourrait en revanche sortir renforcé de cet affrontement, car il apparaît aux yeux de beaucoup comme le seul 'vrai' patriote dans le camp de droite.»
Le pouvoir pour l'instant intact de Viktor Orbán
La gauche et les libéraux ayant rejeté la politique d'Orbán vis-à-vis des réfugiés au même titre que le parti d'extrême droite Jobbik, on peut difficilement parler d'une opposition forte en Hongrie, déplore le quotidien Frankfurter Rundschau :
«Le pouvoir du Fidesz de Viktor Orbán est particulièrement stable pour la simple raison qu'il est confronté à deux groupes d'opposition faibles : l'un de gauche, l'autre d'extrême droite. Deux partis si diamétralement opposés que tout accord ou alliance politique est exclu. Les néofascistes, qui sont depuis longtemps la deuxième force politique du pays, ont désormais d'autres ambitions. Orbán pensait qu'il contrôlait l'extrême droite, qu'il pouvait l'exploiter à l'envi. Or ceci ne fonctionne plus. Les jalons d'un 'combat des droites' sont posés en Hongrie. Jobbik se positionne pour s'emparer de la suprématie d'Orbán. Le parti en est encore loin, mais le prochain scrutin n'aura lieu qu'en 2018.»