La Suède veut pénaliser les clients de la prostitution à l'étranger
Le gouvernement minoritaire social-démocrate suédois prévoit de punir ceux qui sollicitent des relations sexuelles tarifées à l'étranger - ce délit étant déjà sanctionné en Suède. Les peines s'appliqueraient aux clients suédois, mais aussi aux étrangers établis en Suède qui recourraient à des relations monnayées à l'étranger. Les commentateurs s'accordent à dire que l’initiative serait difficilement applicable.
Une proposition absurde
En pénalisant les clients de la prostitution à l’étranger, la Suède ouvrirait un genre de boîte de Pandore, redoute Sydsvenskan :
«L’exemple suivant illustre comment les choses pourraient se passer. En Suède, l’IVG est un libre droit, tandis qu’en Irlande, elle n’est autorisée que dans les cas où la vie de la mère est en danger. Si l’on assouplissait le principe de double incrimination, l’Irlande pourrait commencer à poursuivre les femmes irlandaises qui ont procédé à une IVG en Suède. Mais ce n’est pas tout. Les exceptions à la double incrimination dans le droit pénal suédois s’appliquent non seulement aux citoyens suédois mais aussi aux étrangers qui vivent en Suède. Pour reprendre l'exemple de l'Irlande, cela pourrait signifier qu'une suédoise qui vit en Irlande pourrait être passible de peines pour avoir avorté en Suède. On ne s’étonnera donc pas que l’étude commanditée par le gouvernement ait émis un avis défavorable à une criminalisation des clients de la prostitution à l’étranger.»
Une situation juridique extrêmement problématique
Pénaliser les relations sexuelles tarifées à l'étranger est impossible à mettre en application sur le plan juridique, fait valoir Dagens Nyheter :
«Si cette loi était adoptée, sa mise en application poserait problème. Enquêter sur des délits commis à l’étranger requiert la coopération des autorités locales. Or on ne peut pas compter dessus si là où ils ont été commis, les faits ne constituent pas un délit. La loi pourrait par exemple s’appliquer à des citoyens scandinaves domiciliés en Suède. Un Danois qui travaille à Malmö et a des relations tarifées avec une prostituée dans sa ville de Copenhague serait passible de peines. D’une manière générale, cette loi difficile à faire appliquer rend illogique notre droit et mine les principes juridiques internationaux. Criminaliser les relations tarifées à l’étranger est tout simplement une mauvaise idée. Non pas parce qu’elle n’aurait pas d’effet positif, mais parce que les effets négatifs seraient bien plus nombreux.»