Un novice promu Premier ministre
Le nouveau gouvernement de Roumanie se signale avant tout par sa médiocrité, peste România Liberă, qui incrimine une personnalité politique en particulier :
«Le Premier ministre est un parangon de médiocrité. Son avancement en politique, il le doit aux intrigues, et à rien d’autre. Sur les quatre ans de son mandat de député, il a parlé en tout et pour tout 75 secondes devant le Parlement : pour prêter serment. A une époque où fleurissaient les scandales, il a été membre d’une commission de contrôle du Service de sécurité intérieure [SRI, renseignements roumains]. Pendant cette période, il n’a pas pipé mot. … Quand [Victor] Ponta était devenu Premier ministre en 2012, il avait tout de même une carrière politique derrière lui et démontré qu’au sein de son parti, la nomenklatura n’était pas la seule à pouvoir gravir les échelons. Sans vouloir faire l’éloge de Ponta, [le chef de file du PSD] Dragnea vole encore plus bas que le gouvernement de cette époque. Le nouveau gouvernement est un ramassis de barons locaux du PSD. … Grindeanu en est un exemple caractéristique, mais ce n’est pas un cas isolé.»
Un cabinet scandaleux
Le Premier ministre et l’ensemble du cabinet ne sont guère dignes de confiance, juge le quotidien de langue hongroise Krónika :
«Là où le bât blesse le plus aux yeux de la Hongrie, c'est la présence au sein du cabinet d’une certaine Lia Olguţa Vasilescu, qui avait commencé sa carrière politique dans la formation d’extrême droite Parti de la Grande Roumanie (PRM). La haine qu’elle voue à la Hongrie devrait être une raison suffisante de ne pas lui confier un ministère, dans un pays qui compte une importante minorité hongroise. Mais ce n’est pas tout : le parquet anticorruption (DNA) du pays a ouvert une enquête à son encontre pour soupçons de corruption et de blanchiment d’argent. Regrettable voire très fâcheuse aussi, la nomination de Marius Dunca au poste de ministre de la Jeunesse. Celui-là même qui avait été limogé après la tragédie de la discothèque Colectiv, dont il avait été jugé premier responsable. Il semblerait que la vie antérieure d’un ministre n’ait aucune espèce d’importance ; l’essentiel est qu’il soit un bon soldat du parti.»
Un homme des services secrets
La nomination de ce Premier ministre confère un trop grand pouvoir aux services secrets roumains, déplore Ziare :
«Un parti qui a remporté les élections et obtenu la majorité au Parlement nomme au poste de Premier ministre l'un de ses membres les plus étroitement liés aux services secrets, qui fut membre de la commission parlementaire censée contrôler le Service du renseignement intérieur (SRI) tout en étant 'diplômé' de l'académie nationale de ce même SRI. Voici qui en dit long sur la politique de notre pays. D'autant plus que les voix de la presse, facilement manipulables, s'emploient à souligner qu'il n'est pas grave que l'espace politique soit noyauté par les services secrets. On se comporte comme s'il était tout à fait normal que dans des Etats puissants, le Premier ministre soit directement nommé par les services secrets, ou bien qu'il soit soupçonné d'être un informateur dissimulé.»
Un simple lieutenant de Liviu Dragnea
Pour le journal Gândul en revanche, ce n’est pas la proximité du nouveau Premier ministre roumain avec les services secrets qui pose problème :
«Grindeanu est contrôlé par le Service du renseignement intérieur (SRI). Il a obtenu la bénédiction de cette agence en ce qui concerne la sécurité nationale. Il n’y a rien d’infamant à cela : il existe en effet des 'formations aux services secrets' proposées aux parlementaires dans les pays du monde entier, y compris aux Etats-Unis - du président aux hauts fonctionnaires, qui doivent traiter des documents confidentiels. Pour certains politiques, ces 'cours' sont des mentions honorables d’un curriculum vitae ; pour d’autres, ils constituent une atteinte aux valeurs éthiques. Et pour pouvoir formuler cette accusation à l’encontre de Sorin Grindeanu, il y faudrait davantage de preuves que le simple fait qu’il ait souscrit à une 'formation aux renseignements'. Disons-le clairement : Sorin Grindeanu n’est qu’un plénipotentiaire, un Premier ministre qui représente le chef de file du PSD Liviu Dragnea – comme l’aurait été Sevil Shhaideh, initialement pressentie à ce poste.»