La Roumanie commémore l'incendie de Colectiv
A Bucarest dimanche, plusieurs milliers de personnes ont participé à une marche silencieuse pour rendre hommage aux 64 victimes de l'incendie de la boîte de nuit Colectiv, survenu il y a un an. Ce drame avait entraîné plusieurs journées de contestation en novembre 2015, qui avaient renversé le gouvernement Ponta. Quelle incidence cela a-t-il eu sur la politique en Roumanie ?
Un changement pourrait avoir été amorcé
On commence à voir émerger une nouvelle génération de politiques qui pratique un autre style de gouvernance, écrit Moise Guran sur son blog Biziday :
«Quand on se remémore la tension générée par cet épisode lors duquel, par dizaines de milliers, les gens ont réclamé un changement politique et semblaient attendre l’apparition d’un Messie, on constate que le président Klaus Iohannis a pris la meilleure décision qu’il pouvait prendre à l’époque. Il va de soi que Dacian Ciolos, qu’il a nommé Premier ministre alors, n’avait rien d’un Messie en soi et que son gouvernement de technocrates n’a pas réussi à mettre en œuvre beaucoup de ses propositions. Il n’en reste pas moins que la foule, qui demandait un renouveau politique, a obtenu un gouvernement qui pratique une certaine manière de politique. Je pense ici certes à Ciolos, mais aussi à beaucoup des ministres qui forment son cabinet : ils nous ont montré que la classe politique pourrait avoir un autre visage.»
Le renouvellement n'est pas pour aujourd'hui
De son côté, Ziare affiche sa résignation et voit les espoirs de changements politiques amèrement déçus :
«Il n’aura pas lieu le renouveau, ces réformes que de grands pans de population appelaient de leur vœux avec tant de véhémence et le nouveau départ qu’ils espéraient si ardemment. Du moins pas pour l’instant. Nous devons nous habituer à l'idée. Un coup d'œil sur le paysage politique révèle tout de suite pourquoi toutes les attentes et les espoirs alors nourris sont vains et pourquoi le renouveau de la classe politique n'est pas près de se faire. La liste des candidats aux législatives [le 11 décembre] montre à quel point les partis sont impuissants et désorganisés. C’est la première leçon qu’il faut tirer – surtout pour ceux qui espéraient qu’une catastrophe puisse déclencher le renouvellement de l’ensemble de la classe politique, pour sclérosée et corrompue que celle-ci puisse être. … Nous devrions tous assimiler cette leçon rapidement afin d’empêcher un traumatisme.»