La Ve République française à bout de souffle ?
Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, le président français n'est ni gaulliste ni socialiste. Les deux partis traditionnels ont été éliminés dès le premier tour. De l'avis des commentateurs, ce scrutin amorce un profond bouleversement du système politique français.
Les Français ont soif de renouveau
Dimanche dernier, les Français ont renversé l’ancien système, assène Phileleftheros :
«C’est flagrant : les deux pôles que constituaient la gauche et la droite ont perdu de leur force d’attraction. Au vu de la proportion des voix recueillies par Le Pen, il n’y a aucun doute que le Front National sera le premier parti d’opposition. … Les deux grands partis du pays se trouvent dans des situations inédites car ils constatent qu'ils n'ont plus le rôle dominateur qu’ils ont toujours eu. ... Les concepts idéologiques traditionnels perdant leur signification, ils sont supplantés par de nouvelles lignes de démarcations. Les partisans de la mondialisation contre les patriotes, le protectionnisme contre l’internationalisme, les gagnants de l’économie et de la société contre ses perdants. … En rejetant les anciens partis, les Français espèrent qu’un nouveau type de gouvernance et de débat politique surgira des décombres. Pour le meilleur ou pour le pire ? Seul l’avenir le dira.»
Les anciennes certitudes pulvérisées
L’ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé vouloir rejoindre la majorité présidentielle et se présenter aux prochaines législatives sous la bannière de La République en marche ! Selon lui, son ancien parti, le PS, est mort. Une désertion qui en dit long, commente La Repubblica :
«Un des principaux représentants du premier parti de la gauche française, et un des partis les plus importants d’Europe, décrète sa propre mort. … Depuis la création de la Ve république, le système politique français n'a jamais connu de recomposition comparable à celle qui s’annonce. Ou plutôt, qui est déjà en cours à Paris. En 1958, en pleine guerre d’Algérie, ce fut de Gaulle qui réforma de fond en comble le paysage politique [en fondant la Ve République]. Aujourd’hui, c’est le fait de l’élection à la tête de l’Etat d’un jeune technocrate sans étiquette, qui a non seulement battu sa concurrente d’extrême-droite, mais qui a aussi fait voler en éclats les formations traditionnelles. ... Pendant un demi siècle, elles avaient assuré l’équilibre politique.»