Rencontre Trump-Erdoğan
Donald Trump est le seul chef d'Etat occidental à avoir félicité Tayyip Erdoğan après la victoire de celui-ci au référendum et il n'a témoigné aucun soutien à l'opposition turque opprimée. Avant leur rencontre de mardi, des divergences subsistent néanmoins entre les deux dirigeants : le soutien de Washington aux Kurdes de Syrie et la demande d'extradition du prédicateur Fethulllah Gülen formulée par Ankara grèvent les relation turco-américaines depuis des mois. Lequel des deux lâchera du lest ?
L'heure de se réconcilier
Ankara se fourvoie avec sa politique syrienne, juge la chroniqueuse Nuray Mert dans Hürriyet Daily News, espérant qu'Erdoğan rectifiera le tir lors de sa rencontre avec Trump :
«Je crois que le principal problème est lié au fait que pendant des années, les dirigeants turcs ont refusé de prendre acte de la situation réelle au Proche-Orient. Le fait est que les alliés occidentaux ne voient pas d'un bon œil que la Turquie s'entête à vouloir jouer un rôle militaire et politique de premier plan en Syrie et en Irak. Par ailleurs, le fait que la Turquie veuille assumer ce rôle aux dépens des Kurdes ne fait que compliquer le problème. ... [Le Premier ministre] Binali Yıldırım a beau avoir déclaré 'Nous ne sommes pas en position de déclarer la guerre aux Etats-Unis', cela peut aussi vouloir dire que nous serions au bord de la conflagration si la Turquie était en mesure de braver la puissance mondiale. Notre seul espoir, c'est qu'Erdoğan se réconcilie d'ici là avec Trump. »
Se défaire du legs d'Obama
Le président américain Donald Trump doit revoir sa politique syrienne de toute urgence, juge Faharettin Altun dans Sabah, quotidien proche du gouvernement :
«Il est indéniable que ce sommet offre l'occasion en or de normaliser les relations turco-américaines. ... L'initiative américaine - la livraison d'armes aux milices [kurdes syriennes] YPG et la neutralisation de la Turquie - est une politique initialement développée par l'administration Obama ! Si Trump ne développe pas sa propre politique vis-à-vis de la Syrie et de la Turquie, et s'il sacrifie sa vision politique au profit des bureaucrates d'Obama - notamment pour parer les attaques au plan intérieur - alors ce serait un véritable aveu de faiblesse de la part du président américain. L'orientation de Trump en matière de politique étrangère, à savoir la volonté de réconciliation avec les alliés traditionnels du pays, risque également de subir des dommages immédiats. Ce qui serait une perte pour le gouvernement Trump comme pour les Etats-Unis. J'espère que Trump fera le bon choix.»