Trump visé par une enquête
Y a-t-il eu tentative par Moscou d'influencer les élections américaines et l'équipe de campagne de Trump est-elle impliquée ? La mission d'élucider ces questions a été confiée au procureur spécial Robert Mueller, qui va ouvrir une enquête sur le président pour entrave à la justice, selon la presse. Trump paie le prix de ses propres erreurs, pointent les commentateurs qui voient le système politique des Etats-Unis en bien fâcheuse posture.
Le parrain piégé
Trump enchaîne les erreurs tactiques, constate Stuttgarter Zeitung :
«Alors qu’il s’efforçait d’empêcher qu’une enquête soit ouverte contre lui, il vient de réussir à en déclencher une. Il y a quelques semaines, le chef du FBI James Comey avait assuré au président qu’il ne serait pas visé par une enquête dans l’affaire des ententes illégales avec la Russie. Et pourtant, Trump l’a menacé, l’a révoqué de ses fonctions et a réitéré les menaces d’humiliation. Mais la plus grave erreur de Trump a été de croire qu’il pouvait réserver le même traitement au procureur spécial Robert Mueller. ... Si Trump congédie Mueller, il prouve que sa conduite est abusive. La conséquence en serait une procédure de destitution. S’il le laisse faire son travail, son enquête pourrait aboutir à des révélations embarrassantes. Le parrain est pris au piège.»
L'inexorable polarisation de l'Amérique
Les ennuis actuels de Trump creusent un peu plus le fossé qui divise la société américaine, pointe Avvenire :
«Or cette polarisation de plus en plus radicale n’a pas été initiée par Trump. ... Il est certain que la politique d’Obama suscitait davantage de consensus et d'approbation que le programme de Trump à ce jour, conforme à ses annonces. Mais le fait est que la présidence d’Obama a été tout sauf pacificatrice, tant dans le pays qu’à l’étranger. ... L’élection de George W. Bush avait elle aussi divisé les Etats-Unis. Même Bill Clinton, pourtant très populaire, avait été visé suite à l’affaire Lewinsky par une procédure de destitution, qui avait cependant échoué. Depuis, il semblerait que rien ne puisse arrêter la lente et inexorable dérive d’une Amérique qui s’éloigne de l’autre Amérique. Un climat qui ne laisse rien présager de bon pour l'avenir de la démocratie américaine.»
Il n'y a plus de confidentialité
La multiplication des fuites à Washington devient inquiétante, estime Neue Zürcher Zeitung :
«Il ne se passe pas un jour sans que des scandales ou du moins des turpitudes autour de Trump ne parviennent aux médias – qu’ils proviennent de la Maison Blanche, du milieu de la justice ou des rangs de l’opposition. Ces scoops permanents ont peut-être une certaine valeur divertissante pour l’opinion publique, mais le Bureau ovale n’est tout de même pas un reality show, ni une série sur Netflix. S’agissant du travail d’un procureur spécial, la confidentialité doit impérativement être respectée, c’est une limite infranchissable – faute de quoi ce dernier ne peut pas mener son enquête sereinement jusqu’au bout, pour établir si oui ou non il y a eu entente entre l’équipe de Trump et la Russie, et si le président a bel et bien essayé d’influencer le cours de la justice. Tôt ou tard, même sans fuites, l’opinion obtiendra les réponses à ces questions.»