Le pire est-il passé pour l'UE ?
"Une solution et non un problème" - c'est ainsi, selon le président du Conseil européen Donald Tusk, que l'UE est à nouveau perçue aujourd'hui. Lors du sommet européen estival à Bruxelles, les participants ont fait preuve d'unité et ont décidé de coopérer davantage en matière de lutte antiterroriste et de défense. Certains commentateurs sont sceptiques quant à la forme que pourrait prendre ce projet de coopération.
De grandes déclarations bien nébuleuses
On a du mal à discerner l'orientation que pourrait prendre cette coopération militaire renforcée, critique Le Soir :
«Les questions sont légion. S’agira-t-il davantage d’opérer pour résoudre les conflits ou pour favoriser le développement économique d’une industrie (européenne) de l’armement souvent controversée ? S’engager dans des opérations de combat, maintenir la paix ou prévenir les crises ? Et où ? Privilégier la puissance de feu européenne ou la formation d’armées amies ? Et qui est l’ennemi ? Bachar el-Assad, comme le disait Hollande ? Ou pas Bachar, comme le pense Macron ? ... Faire la guerre pour gagner la paix ? De tout temps, la question travaille le genre humain. Le débat pourrait encore faire s’écrouler l’édifice en construction, réduisant le nouvel élan à néant, rejoignant le défunt projet de Communauté européenne de défense (1954).»
Bruxelles profite de l'effet Macron
L'arrivée de Macron fait visiblement du bien à l'UE, se réjouit La Stampa :
«Rapidité, pragmatisme et concision. Lors du Conseil européen d'hier, l'UE a affiché des vertus dont elle n'avait plus fait preuve depuis longtemps. Ceci est probablement lié à l'effet Macron, car le président français, qui fêtait ses débuts lors de la rencontre des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, a été la star du sommet. Et la réunion a effectivement produit des résultats concrets, sur les questions de la défense et de la lutte antiterroriste. Et ce, sans les habituelles divergences d'opinion, qui souvent tournent mal et plombent les débats ; et sans les habituels atermoiements. Le sommet d'hier s'est même achevé une heure avant la fin initialement prévue.»
Le sauveur est-il arrivé ?
Il faudra attendre de voir si les lauriers tressés à Macron sont justifiés, commente De Volkskrant :
«Le président français traverse le tapis rouge de façon tranquille, mais souveraine. Un homme qui sait ce qu’il veut, en France comme en Europe. Une chose est claire : le sauveur est arrivé. ... Mais le succès de Macron en Europe dépendra de son action en France. L’Allemagne souhaite qu’il brise la rigidité qui règne dans le pays, réforme le marché du travail et réduise la dette publique. S’il échoue, l’étreinte d’Angela risque de se transformer en garrot et l’ambiance en Europe pourrait vite tourner au vinaigre.»
L'Europe n'a plus peur
Un an après le vote sur le Brexit, l'UE est beaucoup plus sereine, juge le portail russophone Tvnet :
«Depuis sa création, l'UE n'avait jamais connu de panique semblable à celle qui s'est déclarée il y a un an. Cette panique, qui a résulté du référendum sur le Brexit, a crû au fil des mois pour atteindre son paroxysme avec la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis. Mais aujourd'hui, après plusieurs mois de pause, elle a reflué. A-t-on retrouvé ce qu'on avait perdu ? ... S'agissait-il d'une simple crise, apaisée au fil des mois ? ... C'est vraisemblablement la tendance générale qui a changé plutôt que la position des Européens. Ce n'est pas un mystère : la victoire est plus facile quand la peur est absente. Or aujourd'hui, l'Europe n'a plus peur.»
Toujours un vaste chantier
La confiance qui règne à Bruxelles est exagérée, juge Die Presse :
«Le sentiment constaté actuellement à Bruxelles est familier de tous ceux qui sont déjà ressortis à peu près indemnes d'un accident - il s'agit d'un soulagement qu’on peut ressentir dans tout le corps. Paradoxalement, la situation que traverse actuellement l’UE n’est pas comparable à un accident, mais plutôt à un vaste chantier confus. Immigration, lutte contre le terrorisme, crise de l’euro, politique commerciale, discipline budgétaire, respect de principes de l’Etat de droit dans les PECO, répartition des réfugiés sont autant de sujets sensibles à aborder d’urgence. ... Pour le moment, l’Europe vit au conditionnel et s’enivre des possibilités offertes par le Brexit, le triomphe électoral de Macron en France et la probable réélection de Merkel en Allemagne. Quant à savoir si ces chances seront saisies, c’est une autre histoire.»