May signe l'alliance avec le DUP
Le gouvernement minoritaire de Theresa May va pouvoir se mettre au travail. Lundi, les Tories ont signé une alliance avec le parti nord-irlandais DUP, qui soutiendra à l'avenir le gouvernement sur les votes-clés. En contrepartie, les Nord-Irlandais se verront attribuer une enveloppe de quelque 1,7 milliard d'euros destinés à des projets économiques et d'infrastructure. Cet accord présente-t-il davantage de chances que d'écueils ?
Un accord risqué
Süddeutsche Zeitung n'est pas tendre envers l'accord :
«Avec la coalition avec le DUP, le gouvernement May perd toute crédibilité comme médiateur en Irlande du Nord. Or cette crédibilité serait d'une importance énorme dans la situation actuelle. ... L'accord de May compromet l'unité du royaume. L'Ecosse, le Pays de Galle et les régions pauvres de l'Angleterre vont se demander, à juste titre, pourquoi cette région est privilégiée et peut compter sur une telle manne. La réponse est simple : sans mâcher ses mots, le Premier ministre gallois Carwyn Jones a tapé dans le mille quand il a déclaré qu'il s'agissait d'un pot-de-vin direct à dessein de maintenir en fonction une Première ministre faible.»
Il ne faut pas diaboliser le DUP
Le DUP est sans cesse mis à l'index pour ses positions conservatrices, ce dont s'offusque la chroniqueuse Ruth Dudley Edwards dans The Irish Independent :
«J'abhorre tout fondamentalisme, qu'il soit religieux ou laïque, mais il faut reconnaître que le DUP a beaucoup évolué ces dernières années. Les politiques actuellement au pouvoir, dont les familles, collègues et électeurs ont vécu dans la terreur pendant des décennies, gouvernent avec des anciens adhérents ou sympathisants de l'IRA. Le conservatisme social d'Arlene Foster correspond probablement à la vision du monde de la plupart des parlementaires irlandais il y a tout juste dix ans. Le parti de Foster aspire à un accord qui défende les intérêts de l'Irlande dans son ensemble. N'est-il pas temps pour les fondamentalistes libéraux de Grande-Bretagne et d'Irlande de remiser leur étroitesse d'esprit et d'essayer de mieux comprendre ces personnes, dont le courage et le stoïcisme méritent notre respect ?»
Le pragmatisme à l'état pur
May n’avait pas d’alternative, explique Neue Zürcher Zeitung :
«Parti des protestants d’Irlande du Nord, le DUP présente à certains égards des traits sectaires. Ses positions, notamment sur l’homosexualité ou l’avortement, sont largement minoritaires en Angleterre. Ceci a beau être peu réjouissant pour May, les circonstances la poussent à mener une realpolitik. Car elle n’avait pas d’alternative ; elle ne retentera pas de nouvelles élections anticipées – et pour cause – et une grande coalition avec le Labour est tout simplement impensable. Le DUP et les Tories sont au moins d’accord sur un objectif central : maintenir l’Irlande du Nord dans le giron du Royaume-Uni. Au chapitre de la sortie de l’UE, les unionistes nord-irlandais sont également favorables à un Brexit dur, mais préconisent une perméabilité maximale pour la frontière extérieure de l’UE avec la République d’Irlande - tout comme le gouvernement May.»