Des festivals de musique réservés aux femmes ?
Les plaintes déposées pour violences sexuelles et viols se sont multipliées lors de différents festivals dans des pays scandinaves. Les organisateurs du Festival de Bråvalla, à Norrköping, ont annulé la manifestation pour 2018. Voici qu'une ville propose d'organiser un festival auquel les hommes n'auraient pas accès. Levée de boucliers dans la presse suédoise.
La ségrégation des sexes n'est pas la solution
La municipalité de Falkenberg, dans le sud de la Suède, a fait part de son intérêt à organiser un festival dont les hommes seraient exclus. Expressen désapprouve l’idée :
«L’idée que les femmes aient besoin de zones de protection pour être à l’abri d’agressions provient de milieux extrémistes - féministes de gauche, ou moralisateurs dans les banlieues à forte population immigrée. ... Les politiques pourront bien sûr dire ce qu’ils veulent. Mais il est malvenu qu’une municipalité embrasse ces hypothèses. Cela ne veut pas dire que les pouvoirs publics doivent se désintéresser du harcèlement des femmes, au contraire. Ils doivent se mobiliser pour que les femmes se sentent plus en sécurité dans les lieux publics. Mais une ségrégation des sexes ne saurait être la solution.»
Ce n'est pas au contribuable de financer la discrimination
Dagens Nyheter estime également que la municipalité ferait un affront à ses habitants :
«C’est une chose qu’un agent privé organise un festival de musique dont les hommes soient exclus; c’en est une autre qu’une municipalité, en l’occurrence Falkenberg, le fasse. Car s’il s’agit dans le premier cas d’une personne privée, dans le second l’organisateur est public, et les habitants de cette municipalité assurent le financement. On peut faire le choix d’emménager dans une communauté de femmes ou encore d’interdire aux hommes d’entrer dans sa salle de séjour ; chacun est libre d’organiser un festival et d’y inviter qui bon lui semble. Mais quand il s’agit d’un festival financé par les contribuables, il faut appliquer le principe de l’égalité des droits – toute discrimination basée sur le sexe ne doit pas y avoir droit de cité.»
Les femmes ne sont pas des proies
Les femmes sont de plus en plus considérées comme des proies, estime Der Nordschleswiger dans le débat autour de la violence sexualisée lors de festivals :
«Dans une importante série consacrée au festival de Roskilde de cette année, le quotidien Politiken a présenté le problème et relaté ce que beaucoup de femmes ont enduré. Il s'agit d'une lecture obligatoire pour tous ces hommes qui croient qu'ils peuvent tout se permettre et qui considèrent les femmes comme des proies au cours des festivals. Mais aussi dans d'autres cadres. …. Nous faisons malheureusement face à un problème sociétal : certains hommes pour lesquels la notion de décence est étrangère transgressent, 'juste pour s'amuser', non seulement la limite morale, mais aussi légale. A cela, il n'y a qu'une réponse : déposer plainte. Ceux qui ne comprennent pas que 'non, c'est non' et qui ne respectent pas les femmes méritent une sanction.»
Des femmes faibles et des hommes brutes
Selon Berlingske, le débat médiatique actuel reflète de vieux clichés sur les femmes et les hommes :
«Lorsqu'on évoque de nouveau les pauvres femmes sans défense et les hommes brutes et irrespectueux, on revient à une ancienne conception biaisée des genres qu'on aurait dû remiser dans les années 1950. Selon celle-ci, la jeune femme est fragile. Sa sexualité, discrète, doit être protégée par la société, elle-même n'en étant pas capable. Quant au jeune homme, celui-ci est puissant, brutal et égoïste. Sa sexualité est incontrôlable et la société doit l'aider à la contenir, lui-même n'en étant pas capable. Cette perception des genres est erronée, oppressante et méprisante pour les deux genres.»