Procès NSU : la perpétuité requise contre l'accusée
Le parquet allemand a requis la peine maximale prévue par le code pénal : la perpétuité avec détention de sûreté pour Beate Zschäpe, la principale accusée dans le procès du groupuscule néonazi NSU. Sa responsabilité a été établie dans le meurtre de neufs immigrés et d'une policière ainsi que dans deux attentats à la bombe perpétrés par le groupe terroriste. Les commentateurs allemands trouvent le réquisitoire justifié mais pointent des lacunes de la justice.
Une meurtrière mise hors d'état de nuire
Le réquisitoire a réclamé à l'encontre de Beate Zschäpe des peines lourdes mais justifiées, estime Deutschlandfunk :
«Beate Zschäpe a beau s'être toujours posée en appendice innocent d'une bande de criminels, pendant le procès, elle n'a jamais témoigné la moindre compassion aux proches des victimes. La manière qu'elle a choisie de sortir de la clandestinité, en 2011, montre l'implacabilité dont Zschäpe a pu être capable. Avant de faire sauter sa maison, si elle avait pris soin de mettre ses chats à l'abri, elle n'a pas jugé utile de se soucier du sort d'une vieille dame qui habitait encore un appartement de la maison. … C'est donc une bonne chose d'avoir reconnu que Beate Zschäpe représente un risque indéniable pour la sécurité. La quadragénaire doit rester en détention tant qu'elle sera nuisible. Et elle le restera encore probablement pendant des décennies.»
La panne des autorités passée sous silence
Süddeutsche Zeitung pointe pour sa part les oublis du réquisitoire du procureur :
«Le procureur a été inflexible. Et pourtant, ses accusations ont fait abstraction du rôle de l'Etat, tout particulièrement celui des services de renseignement, dans cette tragédie au cours de laquelle, pendant 13 ans, les autorités n'ont pas vu qu'une bande de criminels d'extrême droite sévissait à travers l'Allemagne. Si les autorités ne sont pas responsables au sens pénal du terme, on peut leur reprocher une incapacité et un désintérêt qui frôlent la négligence. Le parquet fédéral s'est efforcé d'éclairer sous toutes ses facettes l'affaire complexe du groupuscule nazi NSU. Ce n'est pas de sa faute si les actes perpétrés par beaucoup de complices du NSU sont aujourd'hui frappés de prescription. Son erreur est de ne pas avoir mentionné les omissions des autorités.»