La Lombardie et la Vénétie veulent davantage d'autonomie
Aux référendums tenus dimanche dans les régions de Lombardie et de Vénétie, dans le nord de l'Italie, les électeurs se sont très majoritairement prononcés en faveur de droits à l'autonomie plus étendus. Or le fédéralisme n'est pas la panacée en Italie, font valoir certains éditorialistes.
Le Trentin-Haut-Adige n'est pas la Sicile
Il ne faut pas oublier que le fédéralisme n'est pas le gage d'une meilleure gestion administrative, relève Neue Zürcher Zeitung :
«Le gouvernement Renzi avait notamment essayé l'année dernière, par le biais d'une réforme constitutionnelle, de centraliser sensiblement l'Etat pour l'amaigrir et le rendre plus efficace. Car l'intensification du fédéralisme n'a pas toujours été la panacée en Italie. Tandis que certaines des cinq régions dotées d'un statut spécial, comme le Trentin-Haut-Adige, s'en sortent très bien, l'autonomie accrue accordée à la Sardaigne et à la Sicile n'ont fait qu'aggraver des problèmes chroniques tels que la bureaucratie et la corruption.»
Une révolte contre ceux d'en haut
Si l'enjeu officiel du scrutin était davantage d'autonomie, la véritable question en jeu est autre et plus importante, précise La Stampa :
«Etes-vous satisfaits de la situation actuelle ? La réponse a été un gigantesque chœur de non. Et le gouvernement et les partis à Rome auraient tort de ne pas prendre la mesure de ce non. Il s'agit de la énième manifestation contre 'ceux d'en haut' venant de 'ceux d'en bas', d'une manifestation dirigée depuis longtemps contre la classe dominante dans tous les Etats Européens. ... Ceux qui ont voté hier ne s'improvisent pas soudainement partisans de Lega Nord. Ils se sentent délaissés par l'Etat, par la classe politique nationale. Et ils espèrent qu'une autre dimension du pouvoir, plus proche d'eux, qui parle leur langue, leur dialecte, puisse leur apporter les réponses qu'ils recherchent en vain. »
De l'eau au moulin des nationalistes
C'est dans l'optique des législatives du printemps 2018 que ce référendum a été organisé, explique La Repubblica :
«Cette consultation est inutile à bien des égards, car la mise en œuvre constitutionnelle des nouvelles normes sur la décentralisation était déjà prévue par la réforme de la clause V de la Constitution. Au demeurant, la réforme aide les politiques locaux et souffle dans les voiles de Lega Nord. Ceci a pour conséquence directe de renforcer le nationaliste Salvini face à Forza Italia [son partenaire de coalition]. ... Lega redoublera de résolution à faire valoir son droit et à obtenir ce qu'elle exige : suffisamment de sièges pour s'attacher Berlusconi [le chef de Forza Italia] et l'empêcher de former une coalition avec Renzi. En d'autres termes, s'il doit y avoir un gouvernement d'unité nationale, il ne se fera pas sans Lega Nord. Des perspectives peu réjouissantes pour le centre-gauche.»