Terrorisme : la réponse de Donald Trump
Suite à l'attentat terroriste de New York, qui a fait huit morts et onze blessés graves, le président américain a annoncé vouloir durcir les conditions d'entrée sur le territoire américain et mettre fin à la loterie des 'green cards'. Les journalistes reprochent au président son hypocrisie, et craignent qu'il soit difficile d'empêcher les loups solitaires de sévir.
Deux poids, deux mesures
Trump a plus vivement réagi face à l'attentat de New York qu'à celui beaucoup plus grave de Las Vegas il y a un mois, critique The Guardian :
«Lorsqu'un individu fonce dans la foule avec un camion-bélier dans une rue de New York en entonnant 'Allahu Akbar', il est accusé de terrorisme islamiste, fait la une de tous les journaux et représente une menace pour la sécurité des Etats. … Après le massacre de Las Vegas en revanche, il n'a aucunement été question de 'contrôles de sécurité renforcés' des propriétaires d'armes à feu qui sont largement plus dangereux pour les Américains que n'importe quel terroriste. Aucune déclaration n'a été faite sur la nécessité de modifier la loi pénale ou la juridiction dans ce domaine. Las Vegas a été traité comme un évènement x ou y dans l'histoire des Etats-Unis. Les armes ne sont rien d'autre qu'une forme de terrorisme à l'américaine.»
Il n'y a pas de recette miracle contre le terrorisme
La réaction du président Trump à l'attaque terroriste de New York témoigne de l'inefficacité des décisions politiques, condamne Der Standard :
«Des ‘loups solitaires' se radicalisent dans une mosquée clandestine ou sur internet, avant de s'installer au volant d'un camion et de foncer dans le tas. Comment peut-on prétendre empêcher une telle suite d'événements en amont ? Le décret migratoire contesté de Trump visant six pays à majorité musulmane n'aurait servi à rien dans ce cas : l'Ouzbékistan ne figure pas sur la liste, l'auteur présumé vivait depuis plusieurs années dans le pays. Il peut être utile à l'avenir de mettre fin à cette curieuse 'loterie de visas' et de trier les migrants en fonction de leur qualification. Mais de telles mesures ne préviennent pas le terrorisme, car un attentat peut très bien être commis par un ingénieur en électronique.»
Daech rentre dans la clandestinité
Paradoxalement, la défaite militaire de Daech augmente la menace terroriste, analyse La Repubblica :
«La défaite territoriale de Daech ne signe pas la fin du terrorisme en Occident, mais plutôt que ce dernier prend la forme d'une 'guerre asymétrique'. Après la chute de Rakka et Mossoul, l'organisation terroriste est forcée d'agir dans l'ombre. Cette stratégie de guerre asymétrique ne va faire que progresser. Combien sont-ils, comme l'Ouzbek Sayfullo Saipov et avant lui les Tunisiens Amri et Bouhlel ou le Britannique Masood, pour ne citer que les auteurs fanatiques des attentats de Berlin, Nice, et Londres, à s'être métamorphosés en 'soldats' - tels que les appelle Daech - sans avoir combattu sous sa bannière en Syrie ou en Irak?»
Trump va durcir les lois anti-immigration
L'attaque de New York va exacerber le débat sur l'immigration aux Etats-Unis, déplore Vessela Tchernena, du think-tank European Council on Foreign Relations, dans une tribune à Standart :
«Trump est conscient que les événements de New York, ville phare des Etats-Unis, pourraient le faire chuter dans les sondages, c'est pourquoi il a remis le thème de l'immigration sur le tapis. Il a déclaré sur Twitter vouloir mettre fin à la loterie des 'green cards', car l'auteur présumé de l'attentat s'est peut-être installé aux Etats-Unis par ce biais en 2010. Il faut s'attendre à ce que les Etats-Unis durcissent leurs règles relatives à l'immigration légale, en particulier vis-à-vis des pays musulmans.»