Fin de l'état d'urgence en France
Deux ans après les attentats terroristes de Paris en novembre 2015, la France a décidé de suspendre l'état d'urgence qui avait été décrété suite aux événements. Mais l'adoption de la nouvelle loi sécuritaire pérennise de nombreuses dispositions de l'état d'urgence. Les éditorialistes se demandent si les Français doivent s'habituer à la restriction progressive de leurs libertés civiques.
Donnons plus de moyens à la police
Il serait préférable de donner plus de moyens à la police, estime le rédacteur en chef de Libération, Laurent Joffrin :
«Non, le recul des libertés n’assure en rien le progrès de la sécurité. L’Etat est évidemment fondé à accroître les moyens de lutte dont il dispose pour combattre le terrorisme. Mais ce sont les actions de renseignement et de police habituels, encadrés par les lois ordinaires et exigeant surtout des moyens en matériel et en effectifs, qui conduisent aux résultats les plus probants. … Quand l’exception devient la règle, les libertés reculent pour un bénéfice douteux en matière de sécurité. On dira que ces mesures, si elles n’ont guère d’efficacité pratique, rassurent l’opinion. Mais la même opinion doit aussi se souvenir que la défense de la démocratie contre ses ennemis a principalement pour but de défendre nos régimes d’Etat de droit et de libertés publiques.»
Les Français souhaitent un Etat intransigeant
La nouvelle loi antiterroriste ne suscitera pas de vague de protestation, estime Frankfurter Allgemeine Zeitung :
«L'annonce de l'érosion des libertés civiques ne fera pas frémir beaucoup de Français, qui désirent vivre en paix. La nuit du 13 novembre 2015, qui aura coûté la vie à 130 personnes, reste gravée dans les mémoires. Savoir qu'un terroriste islamiste peut sévir à tout moment en terrasse, dans un café ou un restaurant, devant un terrain de football ou dans une salle de concert marque les esprits. Même si les lois d'état d'urgence n'ont pas pu empêcher le massacre de Nice ou la mort de deux policiers et d'un prêtre, elles ont su répondre à la volonté de nombreux citoyens de voir le retour d'un Etat fort.»