La réforme judiciaire roumaine franchit le premier cap
Grâce aux voix des partis social-démocrate et libéral au pouvoir, le Parlement roumain a adopté une réforme judiciaire controversée. L'UE condamne des amendements propres à porter atteinte à l'indépendance des juges et à permettre l'impunité de députés corrompus. La réforme sera soumise au vote du Sénat la semaine prochaine. Levée de boucliers dans la presse roumaine.
L'opposition est rendue superflue
Le fait que les partis au gouvernement aient utilisé le règlement pour empêcher l'opposition de soumettre des propositions d'amendement avant le vote controversé, est insoutenable selon Ziare :
«Il est certain que la décision est prise par la majorité, c'est la base de tout système démocratique. Mais d'après la même règle, la minorité a au moins le droit d'exprimer son avis, car elle aussi, qu'elle soit petite ou grande, puissante ou faible, est soutenue par quelques voix et elle aussi représente un électorat qui est en droit d'être respecté. Non seulement la majorité composée du PSD et d'Alde impose sa volonté au Parlement, elle y serait parvenue d'une manière ou d'une autre, mais elle érige également une dictature authentique en annulant l'opposition. La présence de cette dernière est désormais superflue, au moins dans la chambre des députés.»
Roumanie : l'enfer pour les gens honnêtes
Les amendements tournent désormais les instructions judiciaires en farce, s'agace Hotnews :
«PSD et Alde ont avancé l'idée audacieuse que les procureurs ne seront désormais plus en droit d'ouvrir une information judiciaire et de préparer des arrestations en cas de flagrant délit tant que la personne soupçonnée n'aura pas été informée du fait qu'une enquête est en cours à son encontre. Autrement dit : toutes les preuves rassemblées sont futiles. ... A titre d'exemple, la cheffe du [parquet national anticorruption] DNA, Laura Codruta Kovesi, a cité le cas d'un directeur d'institut ayant perçu des pots-de-vin et qui apprend maintenant qu'une enquête est en cours suite à une dénonciation. 'Imaginez-vous que l'on soit maintenant obligé d'appeler une personne soupçonnée d'avoir réclamé des pots-de-vin. A quoi bon ouvrir une enquête ensuite ?' … Les véritables gagnants sont les responsables politiques. ... Mais les grands perdants, c'est nous. Le paradis des criminels est l'enfer des gens honnêtes.»