Focus sur le renseignement militaire finlandais
Le quotidien Helsingin Sanomat a publié un article exhaustif sur le renseignement militaire finlandais. Sa publication intervient dans le contexte d'un projet de loi qui élargirait les compétences de l'armée dans ce domaine. L'article s'appuyant sur des sources en partie confidentielles, la police a ouvert une enquête. Une affaire qui fait couler beaucoup d'encre en Finlande, mais aussi en Estonie.
Une question de liberté d'opinion
Ilta-Sanomat mesure l'ampleur de l'affaire :
«Quand quelqu'un fait parvenir aux médias des documents top-secrets, l'armée veut trouver l'origine de la fuite. Rien n'est plus compréhensible. Du point de vue des médias, il n'y a rien d'inhabituel à ce qu'une rédaction reçoive des documents secrets et confidentiels. C'est un impératif de leur travail. Qui voudrait vivre dans une société où les journaux ne parlent que des informations qui aient reçu la bénédictions des autorités ? ... Beaucoup de gens oublient que des articles comme celui dont il est question ne pourraient pas être publiés dans de nombreux pays du monde. ... C'est dans des moments comme celui-ci que l'on mesure la valeur de la liberté d'expression - en dernier recours devant les tribunaux, s'il le faut. L'enjeu dépasse alors largement le cadre d'un article de journal.»
Les citoyens ne doivent pas tout savoir
Les autorités ne doivent pas être tenues de dévoiler tout ce qu'elles savent au grand public, estime pour sa part Hämeen Sanomat :
«Il est naïf de revendiquer le droit des citoyens à tout savoir. Ce droit n'existe pas. Helsingin Sanomat titrait en une : 'Des unités secrètes pourraient intercepter tes e-mails.' Et après ? On pourrait tout aussi bien poser la question suivante : les autorités n'ont-elles pas le droit de connaître le contenu de messages sur la préparation d'attentats terroristes ? De même, les citoyens ont aussi le droit de ne pas savoir et de faire confiance aux autorités pour se conformer au droit et veiller à la protection de la vie privée et aux autres droits fondamentaux des citoyens.»
La Finlande, loup déguisé en mouton
Pour Postimees, l'article publié par Helsingin Sanomat prouve surtout que contrairement aux idées reçues, la Finlande n'est pas un poids plume en termes d'espionnage et de défense :
«Les documents publiés montrent que les services de renseignement et l'armée finlandaise ont des priorités clairement définies. Loin d'avoir oublié comment on se servait des techniques de 'renseignement d'origine électromagnétique', ils ont continué de les développer. La prochaine fois que quelqu'un voudra vous faire croire que la finlandisation [attitude conciliante envers l'Union soviétique, ou la Russie aujourd'hui] est la ligne à suivre en politique extérieure et de sécurité, montrez-leur donc ces documents. La Finlande naïve n'existe que dans les esprits de ces gens.»