Remaniement ministériel à Londres
Theresa May a rendu publics lundi les détails du "reshuffle" de son cabinet. L'ancien ministre de la Justice David Lidington devient son chef de cabinet, le secrétaire d'Etat à l'immigration Brandon Lewis prend la tête du parti conservateur. Les ministres régaliens, en revanche, restent en poste, notamment Philip Hammond aux Finances, Boris Johnson aux Affaires étrangères et David Davis, en charge du Brexit. Ce remaniement est-il judicieux de la part de May ?
Un signal fort
Après le revers électoral de juin dernier, Theresa May était peu encline à un remaniement ministériel, lit-on sur le site de Deutschlandfunk :
«Tout d'abord, May a repris du poil de la bête, après avoir accusé le coup. Signalons surtout la grande réussite qu'elle a ramenée de Bruxelles en décembre. L'UE est enfin disposée à négocier avec la Grande-Bretagne sur les relations futures. Deuxièmement, Theresa May ne se sent pas forte au point de s'attaquer aux pointures de son cabinet. A plusieurs reprises à l'automne, son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson l'a ridiculisée. Mais elle ne peut pas se permettre de le virer. ... May envoie surtout un signal clair à son propre parti : je suis la chef, et j'ai l'intention de le rester pour un bon moment.»
Une occasion ratée
Theresa May n'a pas choisi le moment propice pour remanier son cabinet et montrer qui était maître à bord, estime The Guardian :
«Ce n'est pas le remaniement ministériel d'une Première ministre forte, tel que celui qu'elle aurait pu effectuer début 2017, quand tout allait bien pour elle. Elle aurait pu imprimer une véritable réforme au gouvernement Cameron en ruines dont elle prenait le relais. Or elle a fait le choix de convoquer des élections dont le pays ne voulait pas, et elle en a fait les frais. Un an plus tard, elle est la leader faible d'un parti affaibli, à la merci des instincts d'extrême droite d'une formation dont les membres se raréfient et vieillissent. Dans d'autres circonstances, le remaniement aurait pu aider les Tories à remédier à un échec dont ils sont pourtant responsables. Au contraire, cette mesure souligne des problèmes que May semble être incapable de résoudre.»