Consensus sur les réformes de la zone euro
De grands économistes français et allemands ont présenté à Paris et à Berlin leurs propositions de réforme pour la zone euro. Fait notable : le groupe de travail rassemble aussi bien des défenseurs de la discipline de marché et de l'austérité que des partisans d'une répartition des charges plus équilibrée - soit les représentants de deux camps qui se sont souvent livrés une lutte impitoyable lors de la crise de l'euro. Que penser de cette initiative ?
Un processus arrivé à maturité
Süddeutsche Zeitung salue les idées de réforme et se félicite de leur audace :
«Les économistes proposent six grandes réformes interdépendantes, dont la plus spectaculaire est la suppression du critère de déficit de trois pour cent, qu'ils proposent de remplacer par une règle de dépenses adossée à la croissance. Envisager de modifier le sacro-saint accord de Maastricht est proprement révolutionnaire. Sur les autres points aussi, ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère. ... Ce ne sera pas simple et pourtant, ces réformes s'imposent depuis longtemps. L'euro est actuellement une devise forte, l'économie croît partout en Europe. ... Dès qu'il y aura un nouveau gouvernement en Allemagne - prochainement espérons-le - la réforme de l'euro pourra débuter.»
La fin des divisions idéologiques
Le journal économique Les Echos salue des propositions de réforme qui
«visent à sortir de l'impasse en réconciliant les approches qui divisent depuis des années Paris et Berlin. Avec des mécanismes de solidarité et de partage des risques poussés par la France d'un côté, et en même temps, une discipline budgétaire préservant la sanction des marchés chère à l'Allemagne. Mieux, les auteurs démontrent que l'un (la solidarité) ne va pas sans l'autre (la responsabilité). … L'initiative permet de sortir des postures idéologiques via des mesures concrètes qui cochent toutes les cases des faiblesses identifiées de la zone euro : fragmentation financière, règles budgétaires inefficaces, incapacité à gérer les crises budgétaires.»
A la politique de jouer
La balle est dans le camp des dirigeants à Berlin et à Paris, souligne Neue Zürcher Zeitung :
«Si elles veulent prémunir l'Union monétaire contre la prochaine crise, la France et l'Allemagne doivent rapprocher leurs positions. Le projet de réforme fournit des pistes intéressantes dans ce sens. Malgré la profusion des idées, les règles ont beau être intelligentes, leur valeur réelle se mesurera à la volonté de les mettre en application. A cet exercice, les politiques de l'Union monétaire sont de mauvais élèves. C'est pourquoi, d'ici à ce que la zone Euro se transforme - si elle se transforme jamais, on aurait un grand intérêt à respecter au moins un tant soit peu les règlements existants.»