L'Ukraine adopte une nouvelle loi controversée sur le Donbass
Kiev a adopté jeudi, à l'issue de longs débats, une loi visant à restaurer la souveraineté sur les régions séparatistes. La loi repose sur le constat de l'occupation russe de la région. Moscou estime que cette loi fait une entorse aux accords de paix de Minsk. Débats passionnés en Ukraine et en Russie.
Kiev torpille la paix
Kiev ne cherche nullement à pacifier l'Ukraine orientale, explique sur le portail Korrespondent le politique prorusse Viktor Medvedtchouk, l'un des principaux médiateurs entre Kiev et Moscou lors des pourparlers de Minsk :
«L'adoption de cette loi apporte la preuve que l'Ukraine ne souhaite pas que la Russie participe à la résolution pacifique du conflit. Les députés espèrent-ils que l'Allemagne et la France, voire peut-être Washington, exerceront leur influence sur les leaders séparatistes ? Non ! Cette loi est donc la tentative délibérée de détruire une régulation pacifique de la situation dans le Donbass ! Les caciques du Parlement sacrifient avec cynisme la vie de soldats ukrainiens pour servir leurs propres intérêts. Le conflit dans le Donbass est donc voué à rester une plaie ouverte dans le corps de l'Ukraine.»
Rien de nouveau
Le projet de loi n'apporte rien de bien nouveau, soulignent les journalistes Denis Rafalski et Halina Studennikova dans Strana :
«Cette initiative contribue à compliquer la recherche de compromis et la réintégration réelle de la région sur la base des accords de Minsk, car de facto, cette loi fustige les accords, et notamment leur composante politique. D'un autre côté, des éléments susceptibles de réellement changer la donne, comme la rupture des relations diplomatiques avec la Russie, ne figurent pas dans le document. La Fédération russe a déjà été qualifiée d'agresseur par le passé, de même que les territoires séparatistes étaient déjà considérés comme 'occupés'. Quant aux personnes qui travaillent dans les instances administratives des 'républiques séparatistes', elles étaient déjà passibles auparavant de potentielles amendes.»
Aucune réaction occidentale
Dans le quotidien Izvestia, proche du Kremlin, le politologue Denis Denisov se penche sur la réaction de l'Ouest :
«Le problème est que les partenaires occidentaux n'ont aucun avis sur la question. Les pays impliqués dans la résolution du conflit, notamment les Etats-Unis, la France et l'Allemagne, feignent d'ignorer cette nouvelle tentative de l'Ukraine de torpiller le traité de Minsk. Et ce, bien qu'ils soient toujours prompts à commenter et à critiquer les projets de loi ukrainiens quand il est directement question du 'contrôle effectif' de l'Ukraine par ses partenaires occidentaux.»