Oxfam éclaboussée par un scandale
Des employés d'Oxfam en mission humanitaire en Haïti auraient abusé de femmes. Dans des situations d'urgence, ils auraient conditionné les secours à des services sexuels, des faits dont l'organisation humanitaire aurait de surcroît eu connaissance depuis longtemps. Comment Oxfam peut-elle regagner la confiance de la société et de ses donateurs ?
Le pire, c'est d'étouffer les scandales
La transparence est la meilleure façon de faire face aux reproches, pointe La Repubblica :
«Le monde des organisations humanitaires ne se réduit pas aux abus. Dans bien des cas, le travail de ces colosses de la solidarité est irremplaçable. Les réduire, ou pire encore les supprimer, rendrait le monde un peu plus injuste, cruel et inégal. ... Le problème est le manque de transparence de la part de la direction d'Oxfam face à des abus dont elle avait connaissance. Elle a essayé de les étouffer, de peur de perdre le soutien des donateurs. Ces récentes révélations ont généré l'effet inverse : aujourd'hui, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) déclare, sans que personne ne lui en ait fait la demande, qu'en 2017, sur 40 000 de ses travailleurs humanitaires, elle a identifié 40 cas de 'comportement inapproprié, abus de pouvoir, harcèlement ou abus sexuel'.»
Mieux prévenir les abus
Les organisations humanitaires doivent se doter de structures leur permettant d'identifier les brebis galeuses, préconise The Guardian :
«Le triste constat suivant lequel les hommes puissants et prédateurs profitent de la vulnérabilité de femmes et d'enfants, dans les organisations de développement tout comme dans les autres groupes de la société, dessert la cause humanitaire. ... Les organisations humanitaires doivent accepter que le scandale d'Oxfam les concerne toutes, et elles doivent unir leur force pour empêcher les prédateurs de sévir. En établissant un système de contrôle d'identité des travailleurs humanitaires, relié à un registre central régulièrement mis à jour. Mais aussi par la formation de collaborateurs sur le terrain dans les zones de danger pour que dans les situations de crise, il ne faille pas recruter trop de bénévoles depuis l'étranger. »
Nul n'est à l'abri d'un écart de conduite
Il serait malvenu d'incriminer indistinctement tous les employés des organisations humanitaires, souligne John Vandaele, rédacteur du magazine MO, spécialisé sur la question de l'aide au développement, dans De Morgen :
«La crédibilité est un bien suprême pour toute organisation qui affirme œuvrer pour un monde meilleur. Les employés des ONG spécialisées dans l'humanitaire sont des personnes normales, avec leurs propres faiblesses, et leur comportement est parfois en contradiction avec les grands idéaux brandis par leurs organisations. ... Personne ne s'attend à ce que l'action des ONG soit irréprochable. On s'attend en revanche à ce que les organisations accompagnent convenablement leurs employés, qu'elles soient transparentes et remédient aux problèmes. ... Seule une action réaliste et énergique peut permettre à une ONG de préserver sa crédibilité.»