Peut-on parler de campagne électorale en Russie ?
Lors d'un débat télévisé dans lequel s'affrontaient les candidats à la présidence russe, les échanges ont été houleux : le nationaliste Vladimir Jirinovski a insulté la libérale Ksenia Sobtchak, qui a envoyé un verre d'eau au visage de son rival. Le président Vladimir Poutine, lui aussi candidat, avait une fois de plus renoncé à participer au débat. Il peut s'en passer, jugent les commentateurs.
Des bouffons
Ce genre de débat a pour but de décrédibiliser les adversaires de Poutine, juge Radio Kommersant FM :
«Ils s'emportent, jurent et se jettent des verres d'eau à la figure. De toute évidence, l'indomptable Jirinovski a pour rôle de provoquer et de déstabiliser les autres. Peut-être cela sert-il à quelqu'un, mais par leurs prestations, ils anéantissent surtout toutes leur chances : qui a empêché [le candidat communiste] Groudinine de se préparer ? ... Pendant ce temps, le candidat principal travaille. Il n'a pas de temps à perdre avec ce genre de bouffonnerie, il a tout de même la responsabilité du pays. Et il l'emportera haut la main.»
De bonnes idées plombées par Sobtchak
Les propositions libérales, une fois relayées par Sobtchak, deviennent impopulaires auprès des électeurs, souligne le politologue Alekseï Chaburov, dans un post Facebook repris par le site news.ru :
«[Sobtchak] suscite parmi les électeurs des sentiments d'aversion. ... Il est logique, dès lors, que l'opinion publique rejette également les idées qu'elle exprime. Or celle-ci est favorable, comme nous le savons, à l'interchangeabilité des dirigeants, à la liberté d'opinion, aux droits de l'homme et à la démocratie. Je ne crois pas que la société soit disposée à accueillir de telles idées lorsqu'elles sont émises par Sobtchak. A en croire les sondages d'opinion, c'est plutôt l'inverse qui se produit. Il est difficile de dire si ce phénomène a été prévu d'avance ou s'il s'avère juste fortuit.»