Affaire Skripal : l'UE solidaire des Britanniques
Lors du sommet européen de Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont rangés à l'avis britannique, et estimé que la Russie était probablement responsable de l'empoisonnement de Sergueï Skripal. L'UE a ensuite rappelé son ambassadeur à Moscou pour des consultations. Certains Etats envisagent de rappeler leurs ambassadeurs en Russie et d'expulser des diplomates russes de leur territoire. Jusqu'où ira la solidarité vis-à-vis de Londres ?
L'unité face aux ennemis extérieurs
Dans l'affaire Skripal, les Etats membres de l'UE resserrent les rangs, commente l'antenne roumaine de la radio Deutsche Welle, déplorant l'absence d'unité dans d'autres domaines :
«Ce sommet a clairement montré combien il était difficile pour l'UE d'élaborer une politique étrangère à peu près cohérente. On a également pu voir, de façon plus évidente qu'en d'autres occasions, combien la rhétorique de la solidarité face aux 'menaces extérieures' permettait de créer une unité artificielle, et surtout à minimiser les problèmes réelles de l'Union - rupture idéologique Est/Ouest, question migratoire ou Europe à deux vitesses. L'UE cible de plus en plus ses ennemis extérieurs et veut faire oublier l'ampleur de ses divisions internes.»
Une solidarité bénéfique ?
The Irish Times s'interroge sur les effets du soutien témoigné aux Britanniques :
«L'appui sans équivoque apporté à la position britannique suite à l'attentat honteux commis sur le territoire du royaume est le minimum que l'on puisse attendre d'un bon voisin dans un tel cas de figure. La question pour le gouvernement irlandais sera désormais de savoir s'il doit aller au-delà du simple soutien verbal et expulser les employés de l'ambassade russe à Dublin. ... Il est possible que cette inquiétante confrontation ait néanmoins une répercussion positive. A savoir que la solidarité avec la Grande-Bretagne, affichée par la quasi-intégralité des Etats de l'UE, améliore le climat dans lequel se déroulent les négociations du Brexit.»
Personne ne veut d'une nouvelle guerre froide
L'UE bientôt post-Brexit n'a aucun intérêt à rompre les ponts avec la Russie, souligne Izvestia :
«L'Europe n'est pas prête à mener contre la Russie et ses alliés la nouvelle guerre froide dans laquelle Londres voudrait l'entraîner. ... Ce n'est pas que les conclusions de May n'impressionnent personne en Europe. Mais il y a une nouvelle donne : Trump a de facto déclaré la guerre commerciale à l'UE, et Poutine a remporté les élections en Russie à une incontestable majorité. Personne ne veut détériorer des relations déjà délicates avec la Russie.»