Le gouvernement slovaque est-il l'hydre de Lerne ?
Après la démission de Tomáš Drucker, éphèmère ministre slovaque de l'Intérieur, Denisa Saková a hérité du porte-feuille. Elle passe néanmoins pour être le bras droit du prédécesseur de Drucker, Robert Kaliňák, poussé à la démission après l'assassinat du journaliste d'investigation Jan Kuciak. Près d'un mois après la refonte du gouvernement slovaque, l'ancien système n'a fait que se perpétuer sous une autre forme, déplorent les commentateurs.
Ce petit jeu doit cesser
Ce "roque" ministériel est risible, juge Aktuality.sk, site pour lequel travaillait Kuciak avant son assassinat :
«Même si l'ex-Premier ministre Robert Fico est officiellement mis au placard, le système oligarchique reste en place, vêtu de nouveaux habits. L'éventualité de changements, et notamment d'un coup de balai dans la police, est quasi nulle. Ce petit jeu embarrassant doit cesser. Il n'y a que deux possibilités : continuer à se plaindre de l'ex-ministre de l'Intérieur Robert Kaliňák ou de l'ex-directeur de la police Tibor Gašpar, simples pantins de Robert Fico ; ou bien envisager des élections anticipées.»
Plus aucune crédibilité
Beata Balogová, rédactrice en chef du journal Sme, n'est pas plus tendre avec la nouvelle ministre désignée, qui était jusque-là le bras droit de Robert Kaliňák :
«Le [parti de Fico] Smer vide de toute substance des termes tels que compétence et crédibilité. La seule chose qui compte pour ses candidats, c'est la loyauté. Surtout lorsqu'il en va de positions censées protéger la direction du parti. Selon Fico, le Smer a le droit de proposer le candidat de son choix au ministère de l'Intérieur, arguant qu'il appartient au parti. Des propos qu'il pense sérieusement. Le choix de Saková est l'expression de l'assurance inébranlable du parti et de la conviction de Fico que rien ne doit changer, dans le fond. Jusqu'à ce qu'il revienne et montre de quel bois il se chauffe. L'opinion publique doit en tirer les conséquences.»