Après Macron, Merkel en visite à Washington
Après la venue du président français Emmanuel Macron aux Etats-Unis, la chancelière allemande Angela Merkel a elle aussi rencontré le président américain Donald Trump à Washington. Si la première visite a été émaillée de fraternelles accolades, la seconde a été marquée par des discussions à huis clos. Deux approches différentes pour le même résultat ?
Les flatteries ne mènent à rien
Le journal Les Echos s'interroge sur la stratégie du président français lors de sa visite américaine :
«Ce voyage, en dépit d'un grand moment, le discours de Macron au Congrès, laisse dans la bouche comme un arrière-goût amer, comme une sensation d'inachevé, qui tient tout à la fois au fond qu'à la forme. ... On ne peut que soutenir le président français dans ses louables efforts en exploitant la carte de la proximité affectueuse avec Donald Trump inutilisée par d'autres. ... Flatter la vanité d'un homme pour éviter le pire ou obtenir des concessions à la marge est une chose, faire véritablement progresser la cause que l'on défend en est une autre.»
Merkel et Macron, la désunion
Si Macron et Merkel n'arrivent à rien avec Trump, c'est pour une raison précise, estime Polityka :
«Il semblerait que Macron et Merkel n'arrivent pas à faire changer Trump d'avis sur la question iranienne ou sur d'autres points. ... Le duo Macron et Merkel n'est pas harmonieux. Ils n'apparaissent pas comme les représentants de l'UE ou d'une Europe unie, susceptibles de convaincre Trump de consolider les relations transatlantiques.»
Place à l'objectivité allemande
Cherchant en vain le fil directeur de la visite d’Emmanuel Macron, Süddeutsche Zeitung espère qu'Angela Merkel suivra une ligne plus cohérente :
«Après la rieuse partie de minauderies avec Donald Trump, Macron lui a assené le coup de massue de son discours devant le Congrès. On ne sait pas trop quoi retenir. A quoi veut-il en venir avec sa tactique ? ... Que cherche-t-il à obtenir en s'abaissant au niveau de Trump et en investissant fortes effusions tactiles ? ... A vouloir imiter le jeu politique de Trump, il sera battu à coup sûr. Car Trump est imbattable pour ce qui est de la vanité. On ne peut pas en dire autant sur les plans de l'objectivité et de la fiabilité. L'Europe ne doit pas adopter le style de Trump. La possibilité se présente à Merkel de corriger l'erreur de Macron.»
Merkel devrait prendre de la graine de Macron
D'un naturel affable et démonstratif, le chef d'Etat français obtiendra plus que la chancelière allemande, plus réservée, souligne Irish Examiner :
«Emmanuel Macron est conscient qu'il serait contre-productif de traiter Donald Trump en paria de la politique internationale - même s'ils ont des visions du monde diamétralement opposées. C'est une leçon qu'Angela Merkel doit assimiler. Jusqu'à présent, ses contacts avec Trump ont été caractérisés par une distance pour le moins glaciale. Quand Merkel a rendu visite à la Maison Blanche en mars dernier, Trump avait refusé de serrer la main qu'elle lui tendait. Merkel ne s'en était pas formalisée. Lors de sa visite deux mois plus tard, Macron a insisté pour serrer la main du président américain, que cela lui plaise ou non. Par cette détermination, Macron se signale en moteur et en battant des relations internationales.»
Beaucoup de bruit pour rien
Le louvoiement entre compliments et critiques tenté par Macron n'aboutira probablement à rien, écrit l'historienne Anne Applebaum dans Gazeta Wyborcza :
«Il est le premier à avoir essayé avec Trump cette combinaison de flatterie et de critique ouverte. Les gestes amicaux ne manqueront pas de flatter son narcissisme ; il y a même une chance, certes extrêmement ténue, qu'ils l'amènent à changer d'avis sur certains sujets. Mais Trump risque davantage de s'offusquer de l'opposition claire, même si Macron a su l'enrober de références élaborées à Lincoln et aux Roosevelt. Finalement, le plus probable est que le président américain n'accordera aucune attention au message que Macron aura bien pu essayer de faire passer - et même qu'il n'aura probablement pas compris qu'il lui a lancé un défi aussi ouvert.»