Prisons de la CIA : la Roumanie et la Lituanie épinglées
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la Roumanie et la Lituanie pour violations des droits de l'homme dans les prisons secrètes de la CIA établies sur leur territoire national. Les juges ont fait valoir que les pays avaient connaissance de l'existence de ses prisons entre 2003 et 2006, et qu'elles avaient coopéré avec les services de renseignement des Etats-Unis. Dans les deux pays incriminés, les journalistes demandent la plus grande transparence.
Une honte pour la Lituanie
Le politologue Kęstutis Girnius est consterné par l'attitude de la Lituanie et exige un exposé sans faille de ce qui s'est passé :
«La Lituanie s'est couverte de honte pour ne pas avoir eu le cran de refuser la demande de la CIA. On remarquera que ces prisons se trouvaient dans des pays non pas d'Europe de l'Ouest, mais de l'Est, car la CIA n'avait pas osé demander à des démocraties adultes. ... La Lituanie doit enfin faire toute la lumière sur cette affaire. ... L'opinion a le droit de savoir qui a pris cette décision et si elle a été avalisée par le Président et le Premier ministre.»
Des droits inaliéanables, même en temps de guerre
Dans Contributors, le juriste Vlad Perju espère que la Roumanie fera son mea culpa :
«Les droits de Al Nashiri [prisonnier saoudien détenu en Roumanie entre 2004 et 2005], n'étaient pas du ressort de la décision d'un président roumain, d'un chef des services secrets ou de l'armée roumaine. ... Au contraire, ils auraient dû être défendus par les lois de l'Etat roumain. ... Il existe des droits - par exemple celui de ne pas être torturé ou soumis à de mauvais traitements inhumains - qui sont irréfragables, y compris en temps de guerre. La Roumanie ayant enfreint ces droits, dans le cas d'Al Nashiri, le jugement de la CEDH ouvre en Roumanie un débat difficile, mais extrêmement important.»