Hongrie : l'assistance aux réfugiés punie par la loi
En Hongrie, les militants qui aident par exemple des réfugiés non persécutés à déposer une demande d'asile se rendront désormais coupables "d'aide à l'immigration illégale" et seront passibles de peines de prison. Une révision constitutionnelle prévoyant par ailleurs l'interdiction de s'installer en Hongrie à toute "population étrangère" a été adoptée au Parlement, avec cinq voix contre seulement. Consternation dans la presse européenne, y compris en Hongrie.
Inhumain et hypocrite
Sur Zoom, András Murányi, dernier rédacteur en chef de Népszabadság, quotidien de gauche dont la parution a cessé en 2016, écrit l'effroi que lui inspirent les lois "Stop-Soros" :
«Ce texte de loi et cette révision de la Constitution rappellent de terribles spectres du passé et ils sont le fait d'amateurs. Dans leur sillage, la Hongrie a cessé d'être un pays - pour autant qu'elle l'ait été jusqu'ici. Désormais, sur cette étendue de quelque 93.000 kilomètres carrés, nous distinguons deux groupes : une phalange inhumaine et hypocrite (l'équipe au pouvoir et ses partenaires commerciaux) et une autre troupe, impotente quant à elle, qui l'assiste en se cherchant une identité (à ce sujet, voir aussi : opposition).»
Le venin d'Orbán
Süddeutsche Zeitung voit dans ce train de lois un affront contre l'UE :
«Les Hongrois ont passé outre la demande du Conseil de l'Europe, qui les priait d'attendre sa prise de position. Orbán envenime le débat européen sur les réfugiés. On est en droit de s'attendre à ce que ses alliés tentent de surfer sur la vague hongroise dans les négociations imminentes. Ceux dont l'horizon ne s'arrête pas aux prochaines élections régionales feraient bien de s'en garder - et de coopérer avec ceux qui cherchent à objectiver le débat et à mettre en place une solution européenne.»
Orbán forge une alliance contre l'Europe occidentale
Neue Zürcher Zeitung craint que la loi hongroise ne fasse des émules :
«Orbán est un homme de pouvoir, mais aussi un idéologue productif, comme il l'a prouvé en propageant en 2014 sa 'démocratie illibérale'. Elle est aujourd'hui pratiquée dans maints endroits des Balkans. Le président serbe Aleksandar Vučić a mis le concept en application de manière concluante, et gouverne sans faire l'objet d'aucun contrôle, ni du Parlement ni de la justice ; il est légitimé par le seul plébiscite des citoyens. ... En Macédoine, Orbán est un allié important des nationaux-conservateurs. ... Orbán s'attache à tisser au niveau régional un réseau hégémonique par le biais duquel il veut tenir tête à la prédominance idéologique libérale des Européens de l'Ouest dans l'UE. On aurait tort de sous-estimer le poids de la Hongrie dans ce rôle.»