Roumanie : le Parquet dans le viseur du gouvernement
Le ministre roumain de la Justice, Tudorel Toader, a annoncé ce week-end l'ouverture d'une enquête contre le procureur général Augustin Lazăr. La presse du pays estime qu'après avoir obtenu le départ de Laura Codruta Kövesi, la responsable du parquet anticorruption (DNA), le gouvernement mène une nouvelle attaque contre la justice.
Bis repetita ?
Après le limogeage de Kövesi, le gouvernement s'attaque maintenant à l'ultime garant de la séparation des pouvoirs, estime Adevărul :
«Le Procureur général est l'unique et l'ultime réel défenseur d'une justice indépendante. ... Le toxique réseau d'intérêts qui a pillé la Roumanie pendant des années entend désormais soumettre le système judiciaire. Après la DNA et le DIICOT [agence chargée d'enquêter sur le crime organisé et le terrorisme], c'est maintenant au tour du parquet général de la Cour suprême. Si celui-ci devait passer sous contrôle politique, la mafia des apparatchiks de la Securitate pourrait alors agir en tout impunité.»
Lazăr pose problème au gouvernement
La raison des enquêtes menées contre le Parquet est officiellement le protocole d'écoute convenu avec les services secrets. La véritable raison, c'est que Lazăr est devenu gênant, estime Radio Europa Liberă :
«Le 'contrôle' du Parquet général a lieu sur fond d'enquêtes contre les individus qui ont orchestré la répression de la mobilisation citoyenne du 10 août 2018. Augustin Lazăr est devenu une épine dans le pied des dirigeants : il a défendu Codruta Kövesi, critiqué la réforme de la justice et annoncé que des enquêtes seraient menées pour trouver les coupables des blessures infligées aux manifestants pacifiques du'mouvement de la diaspora'.»