Juncker annonce la disparition de l'heure d'hiver
Le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker a annoncé vendredi vouloir mettre en œuvre le résultat d'une consultation menée dans toute l'UE portant sur le changement d'heure. Sur les 4,6 millions de participants, plus de 80 pour cent se sont dits favorables à sa suppression. Les éditorialistes estiment que Juncker essaye de passer en force, et qu’il aurait mieux fait de réfléchir davantage.
L'UE joue le jeu risqué du populisme
Wiener Zeitung estime dangereuse la procédure suivie par le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker :
«Une décision démocratique ne saurait reposer sur une consultation en ligne de cette nature. Imaginez, sur un autre sujet, que le poids de la voix de l'Allemagne en Europe soit de deux tiers - voire de 70 pour cent si l'on compte l'Autriche [comme cela a été le cas dans cette consultation] ! Avec l'opération qui a abouti à l'abandon du changement d'heure, même la Commission a succombé à la tentation omniprésente du populisme. Juncker a ouvert une porte dangereuse : avec un peu d'imagination, on trouverait beaucoup de questions qui se prêteraient à un sondage en ligne. Y compris des questions plus explosives qu'un simple changement d'heure. Il faut croire qu'un taux de participation de 0,92 pour cent suffise pour légitimer la procédure.»
Ce n'est pas ainsi qu'on ressoude l'Europe
Le Soir gage qu'une consultation portant sur d'autres domaines aurait davantage été à même de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions de l'UE :
«Faire vite et simplement quelque chose que tout le monde comprend ne produira pas nécessairement la simplicité. Si l’UE décide effectivement de supprimer le changement d’heure, il reviendra à chaque Etat de choisir son fuseau horaire : cela promet d’autres empoignades, cette fois aux niveaux nationaux. ... Tout cela ne nous rendra pas une Europe forte, unie et apaisée. Mais l’UE aura accédé à un souhait général : comment le critiquer ? Sera-ce suffisant pour redonner foi au projet européen et à la crédibilité tellement attaquée de ses institutions ?»
En automne, les Finlandais ont besoin de lumière
L'abolition du changement d'heure pourrait procurer un sentiment de stabilité, avance Iltalehti :
«En automne, la nuit tombait tôt en Finlande, car le changement d'heure raccourcissait les journées. La part de la journée éclairée par la lumière du jour s'en trouvait écourtée. Les étudiants et les actifs s'en rendent notamment compte quand ils commencent leur journée dans le noir et qu'ils la terminent également dans le noir. Même un changement d'une heure est perceptible dans le rythme de vie et dans le cycle de sommeil des êtres humains. ... Et dans le monde trépidant d'aujourd'hui, garder la même heure toute l'année peut aussi apporter aux gens un sentiment salutaire de stabilité.»
Les émotions échappent aux réglementations
Les émotions suscitées par le changement d'heure ont été sous-estimées, conclut Berliner Zeitung au vu du résultat du vote :
«La décision de retarder les horloges d'une heure en été a toujours été étayée par le gain pragmatique que l'on espérait en tirer : économies d'énergie et harmonie politique, non seulement entre la République fédérale d'Allemagne et la RDA, mais aussi à l'échelle européenne. On avait estimé supportable la fatigue indéniable, physique et mentale, provoquée par le changement d'heure, et qu'il était donc légitime de l'imposer à la population. ... Le résultat du vote a été clair : un rejet du passage à l'heure d'hiver. Ceci ne laisse rien présager de bon de la minimisation des émotions. Ce résultat révèle que certains affects politiques ne sont pas parfaitement rationnels politiquement, et il vient se greffer au tableau d'ensemble du malaise qui prévaut à l'endroit des systèmes garants de l'ordre public.»
Ensoleillement : le clivage nord-sud
Il Post souligne les disparités de l'impact, liées à la situation géographique :
«Bien que beaucoup de gens trouvent que le changement d'heure est un désagrément bénin, les conséquences de son adoption varient grandement d'un pays à l'autre. Pour des raisons géographiques, les pays d'Europe du Sud en bénéficient plus que les autres. Pour le dire très simplement : puisqu'ils sont situés à mi-chemin entre le pôle Nord et l'Equateur, la longueur du jour ne varie pas beaucoup entre été et hiver. Si l'on avance l'heure, les jours s'allongent, mais c'est finalement tolérable. ... Dans les pays d'Europe du Nord en revanche, les journées d'été sont à la base déjà très longues, car elles sont plus proches du pôle Nord : l'heure d'été accentue donc un phénomène déjà présent (et le corps a du mal à s'en remettre).»