L'UE avance-t-elle sur le dossier migratoire ?
La question migratoire a été après le Brexit le second grand dossier du sommet de Salzbourg. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a proposé la piste d'une coopération avec Le Caire sur le modèle de l'accord avec Ankara. Les participants ont été unanimes sur la nécessité d'augmenter les effectifs de Frontex. Si certains commentateurs estiment que l'UE est sur la bonne voie, d'autres croient savoir que les détails seront la source de nouveaux conflits.
Cette mer intérieure nommée Méditerranée
Wiener Zeitung fait valoir que la coopération avec l'Afrique en matière de politique migratoire est indispensable pour l'Europe :
«En effet, nous n'avons pas d'autre choix que de coopérer. Ou du moins n'avons-nous pas de théorie alternative qui mérite d'être étudiée. L'Europe est obligée de proposer une coopération étroite à ses voisins situés de l'autre côté de cette petite mer intérieure que l'on nomme Méditerranée. Et, au-delà, à l'ensemble du continent africain. ... On peut trouver des justifications philanthropiques ou morales à une telle entreprise, mais cette coopération s'impose également dans l'intérêt de l'Europe. L'Afrique est séparée des Etats-Unis par l'Atlantique, et la Chine se trouve sur l'autre moitié de la terre. En comparaison, l'Europe est juste la porte à côté.»
L'Europe est sortie de sa léthargie
On a tort d'accuser l'UE de passivité face à la question migratoire, souligne Zeit Online :
«Lors du sommet de Salzbourg, les chefs d'Etat et de gouvernements ont expressément approuvé le projet du chef de la Commission Jean-Claude Juncker de porter à 10.000 le nombre d'agents de l'agence de gardes-frontières européenne Frontex. Cela ne veut pas dire que dès demain, les frontières européennes seront surveillées par 10.000 agents. On ignore aussi par quels moyens l'UE compte financer cette augmentation des effectifs. De plus, les compétences de Frontex font l'objet de débats houleux. ... Mais dorénavant, l'UE ne négligera plus ses frontières extérieures par pure léthargie. C'est un dossier certes épineux, mais elle s'y attelle.»
Le diable se cache dans les détails
Le sommet de Salzbourg a certes permis de trouver certains accords, mais leur mise en œuvre restera difficile, explique Dnevnik:
«En raison de certains détails, les décisions du sommet européen qui s'est tenu au printemps portant sur les centres de rétention de réfugiés au sein de l'UE et les centres dits d'accueil dans les pays de départ, ne se sont pas concrétisées. Parmi ces détails figure la question de la répartition des migrants entre les Etats membres ainsi que la disposition des Etats maghrébins à coopérer avec l'UE. Autre question en suspens : le financement de cette coopération et celui de l'agence de gardes-frontières Frontex, dont les effectifs devraient être portés de 1.500 à 10.000 personnes et qui devrait être dotée de nouvelles compétences aux frontières extérieures de l'UE.»