Espagne : les partis de gauche d'accord sur un projet de budget
En Espagne, le gouvernement minoritaire social-démocrate a trouvé un terrain d'entente avec le parti de gauche Podemos sur un budget prévisionnel commun. Celui-ci prévoit de mettre fin à l'austérité et de revaloriser le SMIC. Pour être voté par le Parlement, ce budget requiert toutefois l'appui des partis régionaux du Pays basque et de la Catalogne. Ce programme est-il une bonne nouvelle pour l'Espagne et pour l'Europe ?
Sánchez met la reprise en péril
ABC voit d'un mauvais œil le pacte que le PSOE conclut avec Podemos :
«Cet accord est une mauvaise nouvelle et le mieux serait qu'il soit rejeté par le Parlement. L'idée d'augmenter les dépenses alors que l'économie vient tout juste de renouer avec la croissance au bout d'une décennie de crise est absolument contre-productive et pourrait coûter très cher à l'Espagne dans un avenir immédiat. ... Sánchez fait preuve d'une grande imprudence en ouvrant les portes à un parti politique clairement anti-système, lui permettant pour la première fois une intervention réelle. ... Le plus raisonnable serait de maintenir le cap de la modération budgétaire afin de réduire la dette et, si possible, d'abaisser les impôts pour stimuler la consommation intérieure.»
Un modèle pour la gauche européenne
Ce projet a une portée symbolique pour l'Europe, commente le portail TVXS :
«Les forces politiques progressistes d'Europe donnent un bon exemple et se dressent contre la tentative de Salvini et de Le Pen de créer un front d'extrême droite. En dépit des différences et des difficultés pratiques qui compliquent la donne, le parti social-démocrate espagnol au pouvoir a trouvé un accord avec Podemos pour revaloriser le SMIC. ... Cet accord montre la voie que les socio-démocrates et la gauche doivent suivre s'ils veulent barrer la route à l'extrême droite en Europe, en adoptant des mesures à claire connotation sociale et progressiste.»
Les séparatistes auront le dernier mot
El Periódico de Catalunya fait valoir que si cet accord semble réaliste, il n'en dépend pas moins de l'approbation des séparatistes catalans :
«On est ici en droit de parler d'un budget classique pour un gouvernement social-démocrate : renforcer la justice sociale au lieu de révolutionner le système. ... Si cet accord consolide le gouvernement Sánchez, il est encore loin d'en garantir la survie. Car il est tributaire du soutien des nationalistes basques et des séparatistes catalans. ... Ce qu'il y a de dramatique ici, c'est que le vote de soutien des groupes catalans dépendra de conditions sans lien avec le contenu du budget.»