Régionales dans la Hesse : quelles implications pour Berlin ?
Aux élections de Hesse, les conservateurs de la CDU et les sociaux-démocrates du SPD ont respectivement perdu onze points par rapport au scrutin précédent. Les écologistes ayant enregistré leur meilleur résultat en date dans ce land, la reconduction de la coalition conservateurs-écologistes est théoriquement possible. Les éditorialistes évoquent les répercussions de ce scrutin sur le gouvernement fédéral et sur sa survie.
Une coalition de plus en plus sous pression
Pour Paolo Valentino, correspondant en Allemagne de Corriere della Sera, la plus grande menace pour la grande coalition d'Angela Merkel n'émane pas de son propre parti :
«Le résultat du scrutin dans la Hesse inflige une nouvelle défaite cuisante à la CDU de la chancelière Angela Merkel et à ses alliés du SPD. Si le séisme de Wiesbaden n'a pas la même magnitude que celui qui a frappé la Bavière il y a deux semaines, il sera certainement ressenti à Berlin. La pire nouvelle pour la Grosse Koalition ne vient pas du parti de la chancelière, mais de la confirmation de la crise existentielle qui menace la social-démocratie, et qui va intensifier la pression au sein même du SPD, afin que celui-ci se retire du pacte gouvernemental.»
La GroKo, une page bientôt tournée ?
La BBC réfléchit aux conséquences que pourraient avoir les lourds revers électoraux essuyés en Bavière et dans la Hesse par les grands partis traditionnels :
«Ces pertes soufflent dans les voiles des rivaux d'Angela Merkel, dans son propre parti, qui veulent se débarrasser d'elle. Mais cette dernière pourrait se heurter à un problème plus immédiat. Ses partenaires de coalition sociaux-démocrates sont en chute libre. ... Ils sont nombreux au sein du SPD à fustiger la coalition controversée qu'ils ont conclue avec les conservateurs de Merkel. Les dirigeants du SPD pourraient décider de reprendre leurs billes et de renverser le fragile gouvernement de Merkel. Les Allemands appellent cela 'schicksalswahl', une élection fatidique. Elle pourrait sceller le sort de la coalition de ce pays - voire celui de sa dirigeante.»
Un crépuscule sans fin
Tages-Anzeiger ne croit pas, pour sa part, que la grande coalition poussera bientôt son dernier râle :
«Il est bien plus probable que ce gouvernement impopulaire continuera d'agoniser jusqu'à tard dans l'année prochaine. La CDU redoute de nouvelles élections anticipées autant que le SPD. Les successeurs de Merkel ne sont pas encore prêts, et la vieille matriarche ne veut pas encore céder son fauteuil. Le SPD de son côté pressent que l'électorat le sanctionnerait tout autant s'il quittait le gouvernement que s'il s'y maintenait. Pour une rupture, il aurait besoin d'un motif politique crédible qui puisse impulser une campagne puissante. Se suicider par peur de la mort - ce n'est pas une stratégie viable. »
Merkel doit s'incliner face à la relève
Der Standard ne croit pas que Merkel puisse rester encore longtemps à la tête du pays et du parti :
«Elle est présidente du parti depuis 18 ans et chancelière depuis 13 ans. Les élections régionales de Hesse confirment une fois de plus que l'on ne remporte plus de scrutin avec elle comme figure de proue. Ceci ne veut pas dire que Merkel doive faire place nette tout de suite. Mais elle doit commencer à s'occuper de la transition. Le congrès de la CDU aura lieu début décembre à Hambourg. D'ici là, il faudra que l'on sache qui tiendra la barre du parti pour les années à venir. Merkel ne peut plus rester au gouvernail, elle devrait céder la place à une nouvelle génération. L'argument souvent invoqué, selon lequel il n'y aurait personne pour prendre le relais, est absurde ; et il en dit long sur les luttes intestines qui divisent le parti.»