Greta Thunberg, figure controversée
Les appels insistants pour la protection du climat lancés par Greta Thunberg ont été entendus aux quatre coins du monde ou presque. Si elle jouit d'un vaste soutien, elle a aussi été la cible de commentaires haineux, et il lui est reproché d'être une marionnette instrumentalisée par des adultes. Bien qu'elle ait récusé ces accusations dans un post sur Facebook, la militante de la protection du climat continue de faire couler beaucoup d'encre.
Une instrumentalisation inadmissible
Au sommet de Davos, Greta Thunberg avait dit vouloir rencontrer des représentants de l'industrie pétrolière pour les accuser de crimes contre l'humanité. Dans les colonnes de Contrepoints, l'auteur Drieu Godefridi regrette l'accueil bienveillant qu'une partie de l'opinion a réservé à ces déclarations, du reste abondamment relayées par la presse :
«Une enfant de 15 ans ne peut se marier, acheter un bien immeuble, elle ne peut voter ni acquiescer à la plupart des actes juridiques de la vie courante, mais elle serait compétente pour juger publiquement de crimes contre l'humanité ? Quand une enfant lance de telles imprécations, délivre de souveraines condamnations — crimes, criminels ! — c'est-à-dire finalement des messages de haine, son instrumentalisation dépasse les limites de ce qui est acceptable dans une démocratie et dans un état de droit. Cette fanatisation de l'enfance est abusive.»
Greta déclenche des émotions faciles
Echo24 explique ce qui a fait de Greta Thunberg une porte-voix de la protection du climat :
«La jeune fille est devenue une figure de proue de la lutte contre la négligence face aux problèmes environnementaux. ... Les déplacements de par le monde d'une fille de 16 ans qui se décrit elle-même comme une autiste qui a tendance à voir le monde à travers un prisme manichéen n'émeut que ceux qui vouent un culte à leurs propres sentiments. L'immaturité de Greta Thunberg ne la dessert pas. Elle s'adresse à une société elle même immature et qui est accro aux émotions faciles dans la vie quotidienne.»
Les jeunes militants ont voix au chapitre
Nul ne devrait être réduit au silence en raison de son âge, écrit de son côté The Guardian :
«Les jeunes portent sur les choses un regard différent et précieux. Ils méritent d'être écoutés. … Quand les enfants ont des avis très arrêtés sur certaines questions, il est légitime de s’interroger sur l’ascendant que leurs parents ou d'autres adultes peuvent éventuellement avoir sur eux. Mais nous devrions respecter et encourager les efforts fournis par des enfants et des adolescents pour se faire entendre et influencer les prises de décision. Car ils subiront les conséquences plus longtemps que la plupart d'entre nous. … On ne peut rien reprocher aux enfants qui descendent dans la rue pour réclamer des mesures plus efficaces pour éviter la catastrophe.»
On est pas sérieux quand on a 15 ans
Le thinktank Fores, financé par le Parti du centre et qui a bombardé Greta Thuberg experte climatique, est allé trop loin, estime Göteborgs-Posten :
«Il est formidable que des jeunes s'intéressent aux questions importantes. Mais les enfants ne sont ni des oracles ni des messies qu'il faut écouter et sanctifier. Parce qu'ils sont des enfants, ils sont fragiles et influençables, et ils ont le droit à la dignité et à l'intégrité morale et physique. C'est un précepte valable, quels que soient leurs opinions, leur souhait de s'exposer au public et la justesse de la cause pour laquelle ils s'engagent. Si Fores ouvre désormais sa plateforme à une jeune fille de 15 ans, il prend le risque de niveler le débat. Il s'agit, en outre, d'une tentative malsaine et immorale d'instrumentaliser un enfant.»
La vérité sort de la bouche des enfants
En dépit de certaines réactions, Aftonbladet se réjouit des prises de position de l'adolescente suédoise :
«Les enfants et les ivrognes disent la vérité. Rarement cet adage n'aura été aussi vrai que dans le cas de Greta. Son message est limpide : les pays riches comme la Suède doivent réduire leurs émissions d'au moins 15 pour cent par an pour pouvoir atteindre l'objectif de deux degrés. ... Dans un clin d’œil, l'Eglise de Limhamn [quartier sud de Malmö] a écrit sur Twitter que Jésus avait désigné Greta Thunberg pour reprendre le flambeau. Un tweet jugé inopportun et blasphématoire par certains. Le monde connaît un grave problème climatique, mais aussi, visiblement, un certain manque d'humour, ce qui est presque tout aussi inquiétant.»