L'intervention de Macron peut-elle apaiser les gilets jaunes ?
Alors qu'il n'avait pas réagi depuis dix jours à la mobilisation - parfois violente - des gilets jaunes, le président français Emmanuel Macron a promis de nouvelles concessions aux Français, lors d'une allocution télévisée. Le salaire minimum devrait ainsi augmenter de 100 euros par mois et les citoyens avoir davantage voix au chapitre. Les éditorialistes font une évaluation positive de son intervention, jugeant toutefois qu'elle pourrait s'avérer insuffisante.
Jupiter de retour sur Terre
Macron a clairement fait part de ses regrets, estime Rzeczpospolita :
«L'intervention du président avait aussi pour but de signaler un changement de style. S'il n'a pas présenté d'excuses, il a au moins reconnu que plusieurs de ses propos ont pu blesser ses compatriotes et qu'il a accordé trop peu d'attention aux Français en difficulté. Une erreur à laquelle il a affirmé vouloir remédier en rencontrant les maires de France. Jupiter, comme les Français surnomment Macron en raison de son style de présidence arrogant, est définitivement redescendu sur Terre. Sera-ce suffisant pour sauver sa présidence ? Rien n'est moins sûr.»
Une métamorphose ?
C'est comme si le président découvrait les Français, raille Neue Zürcher Zeitung :
«Macron a parlé d'un ton sobre, technocrate, sans artifices ; c'est dans son tempérament. Il fait toutefois des déclarations surprenantes : 'Les bonnes solutions émergeront du terrain' ; et d'arguer que le pays est trop centralisé depuis des décennies. Etonnant sortant de la bouche d'un président qui a toujours voulu imposer ses réformes d'en haut, qui est resté largement hermétique aux conseils, et qui aime créer l'impression d'être le seul à savoir, du haut de l'Olympe, ce qui est bon pour le pays. Macron serait-il en train de se métamorphoser intérieurement ? On ne peut pas exclure que les événements et les cataclysmes des dernières semaines lui aient ouvert les yeux. L'avenir le dira.»
La démocratie française est en jeu
Le Figaro espère la fin de la contestation :
«Après l'abandon de la hausse des taxes sur les carburants, le 'nouveau contrat pour la nation' proposé par Emmanuel Macron convaincra-t-il les révoltés de ranger leur gilet jaune dans la boîte à gants ? Leur obstination a déjoué trop de prophéties pour qu'on esquisse un pronostic, mais on ne peut que le souhaiter. La raison l'impose, l'intérêt national l'exige. Il ne s'agit plus de l'avenir politique d'Emmanuel Macron, ni même de sa capacité à mettre encore en œuvre ses réformes (au point où en sont les choses, il est à craindre qu'elle soit durablement entamée). Ce qui se joue aujourd'hui dans les rues de nos villes et sur les routes de France, c'est notre avenir démocratique.»
Le plus dur reste à venir
Une lourde responsabilité pèse désormais sur épaules du président français, juge La Vanguardia :
«Macron a proposé hier un pacte très ambitieux : des mesures de conciliation et l'ouverture d'un dialogue avec les représentants de tous les groupes sociaux, économiques et politiques, afin de mettre un terme aux manifestations, lesquelles nuisent déjà au commerce et au secteur hôtelier. ... La France, par ailleurs, augmente l'instabilité qui ébranle toute l'Europe, à l'heure du Brexit, de la fin de l'ère Merkel, des provocations en Italie et de l'essor des mouvements d'extrêmes droite. ... Le plus grand défi de Macron sera désormais de répondre à la classe moyenne mécontente, c'est-à-dire de créer des emplois, sans pour autant accroître la charge fiscale des entreprises ou perdre de vue le déficit budgétaire. Voilà ce qui l'attend après la tempête.»