Italie : la Ligue s'impose dans les Abruzzes
La Ligue, parti d'extrême droite, a remporté le scrutin régional dans la région italienne des Abruzzes. Le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, qui s'est fortement impliqué dans la campagne de son parti, est désormais en position de force, estiment les éditorialistes, qui discutent des répercussions de cette évolution sur la politique nationale et européenne.
Salvini n'a plus besoin du M5S
Matteo Salvini est désormais le seul maître à bord, estime le chroniqueur Gerardo Morina dans Corriere del Ticino :
«Salvini, au grand dam du M5S, se retrouve en position de force et en mesure d'imposer ses choix à la coalition gouvernementale. ... Ce sont les prémices d'un conflit qui risque d'être attisé un peu plus par l'actuelle récession économique, et qui génère une anomalie évidente : la concomitance de deux mouvements antisystème incapables de converger de par leur trop grandes divergences. ... Cette victoire électorale donne à Salvini la possibilité de mettre ses alliés de circonstance sur la touche, selon des modalités et un échéancier qu'il est le seul à pouvoir fixer.»
Le discours anti-immigration fait recette
Le populisme de Salvini pourrait dépasser les frontières de la Botte, analyse NRC Handelsblad :
«Avec ses attaques contre les clandestins, sa posture sécuritaire et son slogan 'Les Italiens d'abord', Salvini est devenu la star politique de tout le pays. ... Le populisme nationaliste et d'extrême droite de Salvini, qui se focalise sur le renforcement des frontières, a pris le dessus sur le M5S et son discours hostile aux élites. ... Salvini flaire l'opportunité, et pas qu'en Italie. Il veut devenir le protagoniste d'un groupe paneuropéen de nationalistes qui, de son propre aveu, obtiendront de Bruxelles la rétrocession des compétences nationales. Et ce en suivant la méthode utilisée avec succès dans les Abruzzes : en fustigeant l'immigration incontrôlée.»
Di Maio effraie la classe moyenne
Dans La Stampa, le chroniqueur Marcello Sorgi explique pourquoi les électeurs plébiscitent Salvini :
«L'année dernière, la classe moyenne avait voté en masse pour le M5S, en espérant que la lutte anticorruption, les promesses d'un nouveau système social et la haine contre l'exploitation capitaliste connaissent un nouvel âge d'or. Or le jeune homme en costume bleu [le chef de file du M5S Di Maio] a enlevé sa cravate pour se transformer en butor. ... Un ami des terroristes qui mettent le feu à Paris. Un ennemi des grands projets publics, qui avaient apporté emplois et revenus par le passé à cette région du pays. Une raison suffisante, pour une bonne partie des électeurs modérés, de sanctionner Di Maio et de privilégier Salvini.»