Quel est le but de la conférence internationale de Varsovie ?
La Pologne et les Etats-Unis ont invité les représentants de 60 pays à Varsovie pour discuter pendant deux jours de la situation au Proche-Orient. Un sommet controversé, certains observateurs y voyant une conférence dont le but inavoué serait de créer un front anti-Iran. Or la question iranienne n'est pas le seul élément qui pose problème aux éditorialistes.
Une photo finale sans l'Iran
Le véritable objectif de cette conférence était de constituer un front anti-Iran, analyse La Stampa :
«Le sens de ces deux jours est à chercher du côté de la photo finale du sommet, dans laquelle, parmi les représentants de plus de 60 nations, posent, côte à côte, le secrétaire d'Etat saoudien aux Affaires étrangères, Adel al Jubeir, son homologue omanais Yusuf bin Alawi, les représentants des Emirats arabes unis, de Jordanie, d'Algérie, d'Egypte, du Bahreïn et du Yémen. Un panel du monde sunnite réuni contre ce que le ministre américain des Affaires étrangères, Mike Pompeo, qualifie de 'pire menace pour la stabilité de la région'. ... C'est pourquoi l'Iran participe de son côté au contre-sommet russo-turc sur la Syrie et dénonce ceux qui, depuis la Pologne, se réjouiraient de l'attentat commis mercredi en Iran, et lors duquel 20 gardiens de la révolution ont perdu la vie.»
Les Etats-Unis sèment la discorde
Süddeutsche Zeitung accuse Washington de vouloir semer la zizanie :
«Se servir d'un évènement organisé dans une capitale européenne pour attaquer frontalement Paris, Londres et Berlin sur la question iranienne est, en soi, un acte inamical. Le faire de surcroît à Varsovie, où les eurosceptiques sont au pouvoir, cela revient à tenter, au nom d'une 'nouvelle ère de coopération', pour reprendre l'euphémisme utilisé par Pompeo, de diviser à nouveau l'UE. ... L'Europe fait bien de réagir avec mesure et de se préparer à de nouvelles turbulences avec l'Amérique de Trump. Quoi qu'il en soit, certains Etats de l'UE semblent lorgner sur l'éventualité de conclure des accords bilatéraux avec Washington. C'est l'unique façon d'expliquer pourquoi la Pologne était disposée à organiser ce sommet.»
La Pologne dans l'impasse
Gość Niedzielny voit le pays hôte dans une situation délicate :
«La Pologne est tombée dans un piège inextricable et se retrouve à devoir miser sur une seule carte : celle des Etats-Unis. Cela ne nous laisse aucune marge de manœuvre pour entretenir des relations avec des pays tiers - ce qui contribue au final à affaiblir nos rapports avec d'autres puissances. Le piège est d'autant plus funeste qu'il n'existe pas d'autres options d'action. Pourrait-on en effet voir une alternative, comme le prétend l'opposition, dans la possibilité de se montrer 'solidaire' de l'UE sur la question iranienne ? Peut-on vraiment demander à l'Allemagne, par exemple, de nous protéger, alors qu'elle est sur le point de conclure un nouvel accord gazier avec la Russie qui compromet notre sécurité ?»