Taxe GAFA : la France prend les devants
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, présente ce mercredi en Conseil des ministres la "taxe GAFA". Elle concerne les entreprises du numérique réalisant en France des CA annuels de plus de 25 millions d'euros et devrait rapporter chaque année 500 millions d'euros au fisc français. Que penser de cette initiative ?
Paris prend la menace numérique au sérieux
Le Figaro salue l'initiative :
«Dans un univers de l'information de plus en plus numérisé, le rouleau compresseur a fait main basse sur la production des médias traditionnels et sur leurs recettes publicitaires. Avec les réseaux sociaux, il a, hélas, aussi créé un robinet sans filtre et sans responsabilité pour les 'fake news' et les propos haineux. Au point où en sont les choses, cette hégémonie ne menace plus seulement le commerce, mais la souveraineté des Etats et la démocratie tout court. ... Dans sa lettre aux Européens, Emmanuel Macron a opportunément souligné l'urgence de réagir, en suggérant la création d'une 'supervision européenne des grandes plateformes'. Le projet avorté d'une taxe européenne sur les Gafa témoigne de la difficulté à avancer collectivement. Lorsque l'essentiel est en jeu, il n'est jamais critiquable de passer seul à l'offensive.»
Une simple coup de comm'
Le gouvernement français ne fait que s'incliner face aux géants du numérique, peut-on lire sur le site Mediapart :
«Cette taxe a un effet pervers : elle valide les pratiques d'optimisation fiscale à un moindre coût pour les entreprises. Pour quelques dizaines de millions d'euros, Amazon, Facebook ou Apple pourront tranquillement continuer à défiscaliser leurs bénéfices, et donc à économiser plusieurs fois cette somme. Cette taxe est donc moins une taxe qu'une forme de transaction à l'amiable où le gouvernement français, convenant qu'il ne peut rien contre l'optimisation fiscale dans l'UE, finit par accepter les pratiques des GAFA moyennant une somme symbolique. Et en faisant beaucoup de bruit autour de ce pas grand-chose, il espère redorer son image de redresseur des torts économiques à moindres frais.»