France : l'affaire Lambert continue
La Cour d'appel de Paris a ordonné lundi la reprise des soins administrés à Vincent Lambert, un patient dans un état végétatif depuis plus de dix ans. Suite à une décision judiciaire, validé par le Conseil d'Etat, les médecins venaient en effet de suspendre les soins. Ses parents, très catholiques, avaient toutefois déposé un recours pour le maintenir en vie. Les éditorialistes s'attristent de cette foire d'empoigne autour de la vie et de la mort.
Tout le monde veut avoir raison
Le débat autour de Vincent Lambert s'apparente à une véritable bataille idéologique, commente Gazeta Wyborcza :
«On pourrait avoir l'impression que cette affaire se résume principalement à une confrontation d'avocats qui se jettent impassiblement à la figure des articles de loi. Mais les apparences sont trompeuses : le bras de fer autour de Vincent Lambert est chargé en émotions, et il dépasse largement le cadre d'un cercle familial très divisé. La religion divise la famille et elle divise également l'opinion publique. Les parents de Vincent Lambert sont très croyants, ils font de fréquentes apparitions en compagnie de moines, nombreux sont ceux qui les qualifient d'intégristes catholiques. Les querelles autour de Vincent Lambert sont si passionnées qu'elles ressemblent davantage à une bataille qu'à un échange d'arguments. Dans ce débat, l'enjeu consiste, dans une forte mesure, à se rendre coup pour coup et à triompher de l'adversaire.»
Un débat dangereux
Le débat autour de Vincent Lambert pourrait faire le jeu des partisans de l'euthanasie, déplore l'éthicien et philosophe Damien Le Guay dans Le Figaro :
«Cette 'affaire Lambert' est catastrophique. Elle l'est par ses proportions, ses effets médiatiques et par les effets qu'elle pourrait avoir. Elle l'est quand de nombreuses personnes, toutes honorables, parlent d'un cas particulier qu'ils ne connaissent pas, d'un dossier qu'ils ignorent, tout en défendant leurs points de vue avec une véhémence inoxydable. … Essayons de réduire la focale pour éviter de gripper encore plus les soins palliatifs en France, de bloquer la loi Léonetti et, sans le vouloir mais tout en le faisant, d'ouvrir un boulevard aux solutions euthanasiques - telle qu'elles sont pratiquées, avec des régressions successives, en Belgique par exemple.»