Aucun Européen de l'Est aux manettes de l'UE
On cherchera en vain des politiques des PECO parmi les nouveaux hauts responsables de l'UE. Tout au long des négociations, les quatre pays du groupe de Visegrád se sont attachés à faire barrage à Frans Timmermans, pressenti pour présider la Commission. Ce dernier était en effet favorable au lancement de la procédure de l'article 7 contre la Pologne et la Hongrie. Si certains éditorialistes critiquent la domination de l'Europe de l'Ouest, d'autres fustigent la posture destructrice des PECO.
Les PECO pas prêts à prendre leurs responsabilités
Au vu du comportement des PECO, on ne peut pas dire qu'ils aient mérité de représentants aux plus hautes fonctions de l'UE, constate Mladina :
«On entend dire ces derniers jours en Slovénie également qu'il aurait été appréciable, d'un point de vue symbolique, de témoigner plus de respect aux nouveaux Etats membres. Du respect ? Du respect pour quoi ? Les PECO sont une énorme déception. Plusieurs années après leur adhésion, ces Etats se sont révélés être immatures, fascisants, nationalistes, insensibles et antidémocratiques. Pologne, Hongrie, Slovaquie ou Croatie ont-elles mérité une quelconque reconnaissance ? ... Et [aux législatives de cette année] la Slovénie est passée à un cheveu de faire partie de cette Europe de l'Est ; une perspective malheureuse que seule la maturité politique de la plupart des partis et la volonté sans équivoque de la société civile ont permis d'éviter.»
Orbán n'a rien fait de constructif
Le camp Orbán s'est réjoui trop tôt de la nomination de von der Leyen, estime Népszava :
«Les Etats de Visegrád se sont montrés particulièrement satisfaits d'avoir empêché la nomination du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans. ... Orbán et les autres représentants du groupe de Visegrád sont très fiers de leur prestation européenne. Mais fiers de quoi, au juste ? C'est l'une des caractéristiques primordiales des Etats de Visegrád : s'ils sont extrêmement doués pour réduire à néant les objectifs de l'UE, ils sont tout à fait incapables de faire la moindre proposition constructive. Cette posture destructrice a bien entendu un prix : aucun poste clé de l'UE n'a été attribué à un responsable politique des PECO. Le gouvernement Orbán craignait que le versement des fonds européens ne soit conditionné au respect des règles de l'Etat de droit ; or s'il croit avoir réussi à proscrire cette perspective, il pourrait bientôt avoir de très mauvaises surprises.»
Grybauskaitė sur la touche
Le nom de la présidente lituanienne sortante Dalia Grybauskaitė avait circulé lors des négociations sur l'attribution des postes clés de l'UE. Pour Lietuvos rytas, c'est son intransigeance vis-à-vis de la Russie qui l'a mise hors-jeu :
«Elle est connue sur la scène européenne pour son caractère querelleur et égoïste, ainsi que pour ses sorties contradictoires et excessives. Il est indéniable que sa position à l'égard de la Russie a également joué un rôle dans le processus de nomination. Que cela nous plaise ou non, la France et l'Allemagne, qui exercent une influence croissante sur la politique européenne, ont commencé à changer leur position envers la Russie. Or par le passé, Grybauskaitė a qualifié la Russie d'Etat terroriste.»
Orbán est tout fier de lui
De Morgen croit que les Etats d'Europe de l'Est ne souffrent nullement de n'avoir aucun représentant à la tête de l'UE :
«Les Etats du groupe de Visegrád sont largement gagnants : ils ont fait voler en éclats le rêve européen de la tête de liste social-démocrate Frans Timmermans. Orbán est donc tout fiérot de se promener avec le scalp du méchant néerlandais qui pendouille à sa ceinture. Visegrád n'était pas en mesure de présenter quelque alternative que ce fût. ... Mais cet effacement peut même s'avérer être un avantage pour les chefs de gouvernement eurosceptiques, le jour où il faudra prendre des décisions difficiles sur le climat ou sur l'immigration. Dans les années à venir, Orbán se fera un plaisir de montrer du doigt les élites bruxelloises pour leur reprocher d'être en décalage complet avec le Hongrois lambda.»
Le seul but était de bloquer Timmermans
Les pays du groupe de Visegrád poursuivaient un seul et unique objectif, critique Radio Europa Liberă :
«L'attribution des postes à responsabilité à des personnes toutes issues de l'ancienne Europe prouve une fois de plus que les rebelles d'Europe de l'Est (Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie) n'ont pas d'ambitions concrètes. Leur blocage montre clairement qu'ils ne cherchent pas à faire valoir le poids de leur pays, de leurs régions ou de leur culture politique pour hisser un Européen de l'Est à un poste. Tous leurs efforts visaient à empêcher la nomination du Néerlandais Frans Timmermans, qui dénonce leur dérive autoritariste et insiste sur l'importance de renforcer les valeurs européennes. Depuis qu'ils ont obtenu son retrait, ils acceptent sans broncher tout ce qu'on leur présente.»
Une attitude contreproductive
Les Etats du groupe de Visegrád estiment avoir remporté le bras de fer de l'attribution des postes car ils ont réussi à empêcher le social-démocrate Frans Timmermans d'accéder à la présidence de la Commission. Denik entend toutefois les choses d'une autre oreille :
«Il faut croire que c'est une proche d'Angela Merkel, Ursula von der Leyen, qui présidera la Commission. L'intéressée a fait savoir qu'elle appelait de ses vœux la création des Etats-Unis d'Europe. Timmermans sera probablement son premier suppléant. Le Conseil européen sera dirigé par le libéral belge Charles Michel et le socialiste italien David-Maria Sassoli deviendra président du Parlement européen. Une victoire sur toute la ligne, donc, pour les PECO. Les fauteurs de trouble de Tchéquie pourront s'estimer heureux si leur commissaire sortante, Věra Jourová, est nommée aux relations de bon voisinage ou à la pêche.»
La balance penche côté Ouest
L'équipe choisie ne fait pas justice à une répartition un tant soit peu équitable des intérêts en présence dans l'Union européenne, constate Der Standard :
«Le déséquilibre géographique des candidats avancés saute aux yeux. Quatre membres fondateurs de l'UE - la France, l'Allemagne, la Belgique et l'Italie - envoient des délégués aux cinq grands postes des institutions de l'UE. Berlin (présidente de la Commission) et Paris (cheffe de la BCE) se sont arrogé les premier postes de pouvoir. Vient ensuite l'Espagne, pour le chef de la diplomatie européenne. Les PECO restent les mains vides, de même que les pays du Nord. Les grands Etats membres sont nettement surreprésentés par rapport aux nombreux petits pays. C'est à se demander comment on l'entend surmonter la division si souvent déplorée du continent.»