De l'Iran et de l'Occident, qui provoque l'autre ?
Un nouvel incident survenu dans le golfe Persique a envenimé un peu plus les tensions entre l'Iran et l'Occident. D'après Downing Street, trois navires iraniens auraient tenté de bloquer un pétrolier britannique dans le détroit d'Ormuz ; des accusations réfutées par Téhéran. Si certains éditorialistes mettent en garde contre une escalade du conflit, d'autres se demandent si l'UE serait bien avisée de soutenir Trump.
Téhéran joue avec le feu
L'Iran choisit la surenchère et pourrait le regretter, prévient The Daily Telegraph :
«Face aux nouvelles sanctions infligées par le président américain, Téhéran ferait mieux de privilégier la retenue. ... Or les leaders politiques iraniens ont choisi de faire front, et si leur réaction ne représente pas encore une attaque militaire, elle accroît le risque de guerre. Une seule petite erreur, une manœuvre autour d'un pétrolier considérée comme l'amorce d'une attaque, et tous ces calculs pourraient dégénérer. Si l'Iran provoquait une véritable crise, nos alliés devront trancher. Peut-on légitimement douter du camp que choisiraient alors les Européens ? Il faut espérer que l'Iran en prendra conscience également.»
La situation pourrait dégénérer
Bien que ni Washington ni Téhéran ne veulent d'une guerre dans le golfe Persique, le risque que le conflit dégénère est réel, assure Radio Kommersant FM :
«Ce qui s'est produit était une sorte de mise à l'épreuve. Le président américain est-il prêt à la guerre, ou en restera-t-il comme d'habitude au stade verbal ? En dépit des menaces, rien ne s'est passé pour l'instant. ... Sur les marchés financiers et parmi les experts, personne ne croit au risque d'une guerre dans le golfe Persique. Mais Téhéran est en quête de reconnaissance et de stature dans la région ; elle entretient des ambitions sérieuses, mais on tente constamment de la remettre à sa place, ce qui génère son mécontentement. Si les provocations se poursuivent, les choses pourraient dégénérer pour de bon. La situation est donc vraiment critique.»
Si tu veux la paix, prépare la guerre
Il est temps que l'Europe envoie des signaux clairs à Téhéran, préconise le quotidien Die Welt :
«L'UE devrait se rallier aux sanctions américaines et envoyer des navires de guerre dans le golfe Persique, afin de protéger les navires civils de nouvelles attaques iraniennes. Si cette initiative pourrait accroître le risque de conflit, l'histoire nous enseigne toutefois qu'elle pourrait aussi avoir l'effet opposé. Téhéran s'est retrouvée confrontée à deux reprises à une communauté internationale soudée : pendant la 'guerre des tankers' à la fin des années 1980 et en 2014, lorsque des sanctions internationales avaient été prises contre son programme nucléaire. Dans les deux cas, l'Iran avait cédé. ... Les Romains avaient malheureusement raison : si vis pacem, para bellum. Aux côtés de Trump s'il le faut.»
Réfléchir à deux fois avant d'aider Trump
A la demande des Etats-Unis, les Pays-Bas envisagent de dépêcher une frégate dans le golfe Persique, ce que réprouve NRC Handelsblad :
«Il est gênant qu'il ne s'agisse pour l'instant que d'une requête des Américains et non d'une requête de l'OTAN ou du Conseil de sécurité de l'ONU. Il convient d'abord de faire toute la lumière sur le mandat sous lequel se placerait la coalition désirée par les Etats-Unis. Le hic, c'est que si les Américains ont résilié l'accord sur le nucléaire iranien, ce n'est pas le cas de l'UE. ... Compte tenu notamment de la politique étrangère lunatique de Donald Trump, les Pays-Bas ont tout intérêt à conclure au préalable des accords reposant sur le droit international. Or rien de tout cela n'a été fait pour le moment.»